La banane de Cattelan: une énième œuvre d’art absurde

C’était LE sujet artistique du weekend. Vendue à 120.000 dollars à la foire d'art contemporain Art Basel de Miami, l’œuvre Comedian de Maurizio Cattelan entre dans la lignée des créations bizarres dont l’art contemporain a le secret.

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Une banane scotchée au mur. Voilà l’œuvre présentée par l’artiste italien ce week-end à Miami. Éditée en trois exemplaires (trois bananes, trois bouts de scotch, c’est relativement facile à trouver), elle a été vendue deux fois à 120.000 dollars. La troisième version vaut quant à elle 30.000 dollars de plus. L’une d’entre elle s’est muée en une véritable performance lorsqu’elle a été mangée par un autre artiste, David Datuna, qui passait par-là. L’acte a été baptisé Hungry Artist. Ce n’est pas la première fois que Cattelan scotche quelque chose au mur pour le transformer en "œuvre". En 1999, Perfect Day consistait en un homme (un vrai, le galeriste Massimo De Carlo) scotché au mur. Est-ce qu’on se foutrait pas un peu de nos têtes ? D’après Fabrice Bousteau, rédacteur en chef de Beaux-Arts Magazine interviewé par Franceinfo Culture, "la banane de Cattelan est une critique du marché de l’art et de ses prix obscènes, mais aussi une invitation à tous, à créer. Ce que dit l'artiste Cattelan avec cette banane en forme de blague, c’est que le propre de l’homme est la création". Il n’est en tout cas pas le premier à avoir provoqué le public et le secteur artistique…

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Fountain de Marcel Duchamp

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Pour certains spécialistes, il s’agit de l’œuvre d’art la plus controversée du 20e siècle. Le plasticien français s’est réapproprié un urinoir en porcelaine en le retournant. L’artiste inscrit à la peinture noire "R. Mutt 1917" sur l’objet qu’il envoie anonymement à la Société des artistes indépendants (dont il est le président) en vue de sa première exposition. Elle est refusée, l’organisation la considérant "immorale et vulgaire" et la décrivant comme une "pièce commerciale ressortissant à l'art du plombier". Le galeriste Alfred Stieglitz l’expose un temps dans sa galerie new-yorkaise 291. Aujourd’hui, on ne sait pas ce que l'urinoir est devenu. Il n’en existe aujourd’hui que des répliques réalisées dans les années cinquante et soixante. L’une d’entre elle est exposée au Musée d'art moderne du Centre Georges Pompidou. Plusieurs hypothèses suggèrent que l'original aurait été acheté par l’écrivain Walter Arensberg.

Cloaca de Wim Delvoye

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En 2000, le plasticien belge inaugure Cloaca, une installation "artistique" représentant un tube digestif humain géant et fonctionnel et imaginée en collaboration avec des scientifiques et ingénieurs. La machine fait douze mètres de long, 2,8 mètres de large et 2 mètres de haut. Elle ingère de vrais aliments fournis par un traiteur ou par de grands chefs et les transforme en excréments… Différentes versions ont été créées comme la Turbo (digestion rapide), la Mini (un appétit de chat) et la Personal Cloaca qui  se nourrit de plats végétariens… Coût de construction ? 200.000 dollars.

Dans le genre scatophile, Piero Manzani avait quant à lui décidé en 1961 de déféquer dans une boite et de vendre l’objet. Une idée saugrenue qui vaut aujourd’hui 30.000 euros la boite…

Concetto spaziale de Lucio Fontana

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C’est suite à un accident qui abîme l’une de ses toiles que ce peintre argentin trouve son "idée de génie". Il s’attelle à peindre des toiles en une seule couleur et à ensuite les perforer avec une lame de rasoir ou un cutter. Il fera de même avec d’autres objets comme des sphères en bronze ou en céramique. Il baptise cet acte "Concetto spaziale". Fondateur du spatialisme, il explique ne plus considérer la toile "comme un support plat mais comme une œuvre tridimensionnelle qui enregistre le passage du temps et son interaction avec la lumière". Oui oui… La toile Concetto spaziale, Attese (photo) a été vendue pour 1,4 millions d’euros.

The Physical Impossibility of Death in the Mind of Someone Living de Damien Hirst

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Le kiff de cet artiste britannique ? Les animaux morts. Sa première œuvre baptisée "L'Impossibilité physique de la mort dans l'esprit d'un vivant" est une cage vitrée contenant un requin tigre plongé dans du méthanol. Commandée par le collectionneur Charles Saatchi en 1991, l’œuvre est vendue en 2004 à un montant gardé secret mais estimé à 8 million de dollars. D’autres sources parlent même d’une somme de 12 millions… Par la suite, Hirst exposera différents animaux (vaches, cochons, moutons…) coupés en deux et plongés dans du formol. Son installation "Mother and Child, Divided" a remporté le Prix Turner en 1993. Cette récompense choque une partie du public. L’œuvre est en fait une vache et son veau dans des espaces différents et coupés en deux dans leur longueur. On notera que Hirst a travaillé dans une morgue pendant ses études. Ceci explique cela.

Heads and Tales de Heide Hatry

En 2010, l’artiste américaine néo-conceptuelle présente sa série Heads and Tales. Il s’agit d’une série de sculptures représentants des visages de 27 écrivaines. La matière utilisée pour ces œuvres ? De la peau de cochon non traitée… De la chair, des organes (dont les yeux de l’animal) sont aussi utilisés. Son travail est répertorié dans un livre du même nom puisque les sculptures se décomposent avec le temps…

My Bed de Tracey Emin

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Un lit, des draps souillés, une bouteille de vodka, des capotes usagées et un test de grossesse. Via cette œuvre, l‘artiste britannique Tracey Emin a voulu représenter l’un des moments douloureux de sa vie, une rupture amoureuse, qui l’aurait poussée à rester au lit pendant plusieurs jours sans rien manger ni boire, sauf de l'alcool. Conçue en 1998, My Bed est exposée à la Tate Gallery en 1999. Elle n’a pas remporté de prix mais a affolé la presse. D’après l’artiste, le lit était présenté dans l’état précis dans lequel il était après qu’elle y ait déprimé pendant plusieurs jours. My Bed a été acheté par Charles Saatchi (encore lui) pour environ 200.000 dollars. De quoi se racheter un lit tout neuf (et tout propre).

Les Monochromes d’Yves Klein

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Dans le registre des peintures simplifiées, Yves Klein est peut-être bien le champion. Après avoir peint en 1960 Monochrome bleu (IKB3) (une toile peinte en bleu) il crée 35 ans plus tard Monochrome orange (devinez). Sa toile bleue est devenu mythique dans le monde artistique et attise les interprétations les plus folles. Extrait choisi : "Chaque passage du rouleau a laissé des striures légères, qui dessinent d'étranges paysages dont l'horizon semble flotter. Le regard plonge dans une profondeur qui n'appartient pas à l'espace en trois dimensions du quotidien, mais à une dimension supplémentaire que le peintre invite à sonder: la profondeur de la couleur". Masturbation intellectuelle ou réelle révolution artistique ? On vous laisse décider.

Tree de Paul McCarthy

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On aurait aimé voir la tête des parisiens place Vendôme, le 16 octobre 2014. Dans le cadre de la Foire internationale d'art contemporain (FIAC), le plasticien américain y exposeTree, une sculpture gonflable de 24,4 mètres de haut. Sensée représenter (comme son nom l’indique) un arbre, l’œuvre est rapidement baptisée de "plug anal" par le Tout-Paris. Moins drôle, l’artiste sera agressé physiquement par un inconnu et l’œuvre vandalisée et dégonflée. McCarthy renonce ensuite à la réinstaller.

Le "lancer de chats" de Jan Fabre

Dans la catégorie "ami des animaux", l’artiste belge s’était illustré en novembre 2012 dans une performance sadique. Dans une vidéo filmée à l’Hôtel de ville d’Anvers, trois personnes lancent avec force des chats en l'air qui retombent violemment sur des marches d’escalier. L'artiste souhaitait apparemment tourner une séquence hommage à la photo Dali Atomicus de Philippe Halsman, où l’on voit le peintre poser avec des chats volants. La vidéo fait scandale et Fabre reçoit 20.000 mails d’insultes et de menaces après s’être excusé publiquement. Il sera ensuite agressé dans un parc de la ville.

Parmi les artistes les plus étranges, on retient également Millie Brown qui peignait avec son vomi (vive le recyclage), Tim Patch avec son pénis et Kira Ayn Varszegi avec ses seins…

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