Le "housing first", cette méthode venue des États-Unis pour aider les sans-abris

Le plan d'Alain Maron de lutte contre le sans-abrisme prendra notamment appui sur un récent dispositif expérimental: le "housing first". Comment fonctionne ce qui fût un projet pilote et qui devrait s’imposer dans le paysage social?

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New York. La cité de la pomme. Celle qui fît rêver des centaines de millions de personnes, celle qui a vu débarquer des dizaines de millions de migrants sur Ellis Island à quelques encablures de la Statue de la Liberté. Celle aussi dont les rues sont habitées de dizaines de milliers de SDF. Plus de 80.000 au dernier recensement. Une ville dans la ville. Ceux qui ont connu New York il y a 30 ans vous le diront: c’était, alors, bien pire. Times Square, la 42ème rue étaient, à partir d’une certaine heure, envahis par une population qui transformait les lieux en un vaste dortoir en plein air. La Penn Station, la gare de Midtown, l’était également. Il ne faisait pas bon s’y promener la nuit tombée... Mais on y croisait des gens qui étaient à la pointe du combat social et de la lutte contre la précarité. Comme les travailleurs de l’équipe du docteur Sam Tsemberis qui tentaient de soigner les sans-abris souffrant de troubles mentaux et d’addictions fortes. Le psychiatre canadien d’origine grec mettra quelques années pour construire une ONG: le "Pathway to Housing".

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Ce "sentier vers le chez-soi" repose sur une idée novatrice qui casse la logique de ce qui se faisait jusqu’alors en matière de réinsertion de SDF. En effet, il remet en cause la parcours en "escaliers", financé depuis les années 1970 par le gouvernement américain et par les autorités européennes. Celui-ci part du banc de la rue, franchit la première marche de l’abri de nuit, la deuxième du logement de transit pour terminer par le logement, le "Housing". Le docteur Tsemberis fait passer ce parcours du banc de la rue directement au logement (Housing) qui devient, ainsi, la première marche du parcours. D’où l’expression "Housing First". Cette méthode va fonctionner. La stabilisation d’un SDF dans un logement qui sera le sien peu à peu, de matière autonome, avec un suivi au cours duquel il soigne ses addictions, reprend confiance, se sociabilise, puis trouve un travail pour enfin payer le loyer, convainct le secteur et se propage en Amérique du Nord. Au début des années 2000, la méthode est importée en France. Puis à Bruxelles où elle est portée notamment par "Infirmiers de Rue" dès 2009. Des projets pilotes ont vu ensuite le jour dans une douzaine de villes en Belgique.

Pour en savoir plus, lisez notre article "Bruxelles sans SDF" en pages 34-36 de notre dernier numéro. Rendez-vous en librairie à partir de ce mercredi ou dès maintenant sur notre édition numérique, sur iPad/iPhone et Android.

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