Extinction Rebellion, une année de révolte

Parfois critiqué, le mouvement écologiste revendiquant la désobéissance civile prend de l'ampleur. Créé en 2019 en Belgique, Extinction Rebellion entend bien poursuivre ses actions en 2020. 

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Vendredi, les activistes du mouvement écologiste Extinction Rebellion entameront leur dernière action de désobéissance civile de l'année à 20h08 sur la Grand-Place. Juste après le spectacle de sons et lumières, les manifestant liront simultanément leur "Deuxième déclaration de rébellion". Seul hic : la Grand-Place est une zone neutre où toute manifestation est interdite. Mais les organisateurs sont clairs : l'action aura lieu quoi qu'il arrive, mais dans le respect des règles de sécurité évidemment. Depuis début 2019, la frange belge de ce mouvement international fait entendre son mécontentement quant à l'absence de politique climatique forte. Extinction Rebellion appelle à des changements radicaux et profonds de notre système. Tous ont choisi la désobéissance civile comme arme face à un monde politique qui ne semble pas leur répondre.

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Souvent critiqués pour leur extrémisme et leur non-respect des lois, les activistes se défendent. Christophe Meierhans, membre d'Extinction Rebellion, fait le point sur cette première année d'actions et de revendications.

L'action de vendredi n'est pas autorisée par les autorités. Pouvez-vous expliquer votre démarche ?

Ce qui est important de rappeler, c'est qu'on ne veut pas de confrontation avec les autorités. On ne cherche pas à créer un rapport de force. C'est une sorte de rituel pour clore l'année et il a été annoncé à la police. On ne veut pas bloquer la Grand-Place contrairement à d'autres actions lors desquelles le but était différent. Notre action est inoffensive et n'a aucune raison d'être opprimée. On est prudent et on rappelle fréquemment les consignes de sécurité aux participants. Il n'y a jamais eu de réponse directe de la part de Philippe Close. Pourtant, nous avons demandé plusieurs fois à entrer en contact avec lui. Pour l'instant, la communication se fait par communiqués interposés. Aussi, les réponses qui ont pu être données par le bourgmestre ne concernent que l'action en elle-même et notre désobéissance civile. On ne parle jamais de climat alors que c'est pourtant notre but. On veut que ce soit cette question qui soit mise sur le tapis.

Avez-vous l'impression que le dialogue avec les autorités se détériore ?

Non, il ne se détériore pas. En Belgique il y a tellement d'autorités différentes et compétentes que c'est compliqué de prendre contact avec tout le monde et de faire connaissance. Il y a des formes de communication avec les communes, mais elles ne sont pas compétentes en matière de climat. Sans parler du gouvernement fédéral qui n'existe même pas... On constate que certains partis politiques ont plus de sympathie pour nos actions, mais nous ne cherchons pas d'alliance. On veut créer un changement de système, plus profond qu'un simple changement politique. 

On était prêts à se faire arrêter, pas à se faire taper dessus.

Et avec les forces de police ?

Les rapports sont différents en fonction des zones de police. Généralement nous passons par un médiateur et les contacts sont plutôt bons. Tous commencent à comprendre notre position et nos stratégies. Nous ne sommes pas violents, mais déterminés à désobéir civilement et surtout prêts à en subir les conséquences telles que les arrestations et les poursuites judiciaires. Nous sortons du cadre légal donc il est normal que les policiers réagissent. Par contre, nous avons été très surpris lors de l'occupation du 12 octobre dernier. On était prêts à se faire arrêter, pas à se faire taper dessus. Personne ne s'y attendait.

En 2019, on est obligés de désobéir pour se faire entendre ?

Exactement. L'année dernière, on a assisté à une mobilisation exceptionnelle. Pourtant, c'est tout juste si le monde politique commence à considérer ces mouvements. Il n'y a eu ni action, ni réaction de leur part. On place beaucoup d'espoir dans la désobéissance, elle joue un rôle très important. Rien que pour la petite action qui aura lieu vendredi, on remarque un intérêt important. La désobéissance n'est qu'un aspect, mais elle a son effet.

Vous essuyez beaucoup de reproches, notamment sur les réseaux sociaux. Comment les gérez-vous ?

Tout dépend du crédit qu'on leur donne. Bien sûr on récolte beaucoup de reproches, notamment parce que les gens sont choqués de constater qu'on rompt la loi. Ils ne comprennent pas notre démarche. Nous sommes souvent taxés d'alarmistes, or c'est la situation qui est alarmante. Aussi, nous constatons beaucoup de résistance à abandonner un certain mode de vie. Et c'est justement ce qu'Extinction Rebellion met en avant : une remise en cause totale. On ne peut pas continuer à croire que la science et la technologie vont nous sauver.

Lire aussi : Qui la police protège-t-elle quand elle gaze et frappe des manifestants pro-climat ?

Quelles sont les réussites et les échecs de cette année ?

2019 marque la création du mouvement en Belgique qui s'est développé de façon significative. Beaucoup de groupes locaux se sont créés. Tout le monde nous connaît ou a au moins entendu parler de nous. Nos efforts commencent à porter leurs fruits. Par contre, l'urgence est de plus en plus importante. Les résultats concrets en politique sont négatifs. Pire, on est face à des politiques davantage négationnistes.

Et du côté des défis ?

En 2020, nous aimerions parvenir à joindre nos forces avec d'autres mouvements sociaux et à créer des liens plus forts avec la justice sociale. Finalement, nous combattons la même chose. Seuls, nous n'arriverons pas aux changements systémiques que nous visons. Aussi, nous souhaitons beaucoup plus d'inclusion. Extinction Rebellion reste un mouvement très blanc de classe moyenne. Tout le monde n'a pas le privilège d'être prêt à se faire arrêter. Nous cherchons à intégrer d'autres groupes sociaux et à multiplier nos tactiques.

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