
Facebook sécurise son réseau, mais pas trop

À l'approche des élections américaines de 2020, les réseaux sociaux, Facebook en tête, sont dans la ligne de mire des autorités publiques. Tandis que le réseau social, représenté par sa vice-présidente Monika Bickert, sera prochainement réinterrogé par les élus sur les mises en place prévues pour éviter une nouvelle ingérence russe, Mark Zuckerberg a résumé sa vision des choses : oui pour plus de vigilance, non pour un changement des règles.
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Concrètement, Facebook a annoncé quelques mesures comme l'interdiction des vidéos deepfake (à savoir les vidéos modifiées numériquement qui permettent de faire dire n'importe quoi à n'importe qui) à l'exception des vidéos humoristiques. Mais il avoue sa difficulté à dénicher les faux comptes (à la base de l'ingérence russe et du scandale Cambridge Analytica) et refuse catégoriquement d'interdire les publicités politiques, même si celles-ci s'avèrent mensongères. Cette décision a attisé la colère des élus démocrates qui accuse le réseau social de faire le jeu de Donald Trump.
Pour Mark Zuckerberg et Facebook, c'est une question de liberté d'expression, comme il l'expliquait en octobre dernier : « Dans une démocratie, c'est aux gens à décider ce qui est crédible, pas aux entreprises de la tech». Et d'en appeler à une réglementation qui s'applique à tout le secteur.
Le nerf de la guerre électorale
Les publicités à caractère politique sont le nerfs de la guerre électorale. C'est une manne de revenus qui n'est pas anodine pour les acteurs du web (elles représentent 0,5% du chiffre d'affaires de Facebook, ce qui est peu par rapport aux revenus issus des publicités commerciales) et un outil essentiel pour les candidats à la présidentielle. Le pouvoir de Facebook est de parvenir à cibler de façon extrêmement précise une audience donnée. C'est de cela que la société tire l'essentiel de ses revenus (en vendant ces données à des publicitaires, notamment) et c'est cela que Donald Trump a su exploiter mieux que quiconque en 2016.
Quoi qu'il en soit, la position de Facebook tranche avec celles de Twitter, Google ou Snapchat. Google va limiter les possibilités de ciblage des publicités politiques qu'il diffusera sur son moteur de recherche, YouTube ou autres sites partenaires. Seuls l'âge, le sexe et le lieu d'habitation des utilisateurs pourront être pris en compte par les annonceurs – ce qui donne une idée de ce qui est divulgué en temps normal... Google a également prévenu les annonceurs qu'ils ne pourront pas publier de fausses déclarations... Tout en admettant qu'il est compliqué « de juger de la véracité de toutes les déclarations politiques ».
Snapchat vérifiera quant à lui la véracité de toutes les publicités politiques via son équipe de modération interne (comme quoi, c'est possible...) et se réserve le droit de les retirer s'il le juge nécessaire. Twitter est plus radical, en interdisant purement et simplement toute publicité politique sur son réseau depuis le 22 novembre. « Nous pensons que la portée d'un message politique doit se mériter, pas s'acheter », a déclaré son PDG Jack Dorsey. La firme à l'oisillon a également déclaré vouloir lutter contre le harcèlement en ligne en offrant à ses utilisateurs la possibilité de contrôler qui interagit avec eux. Plusieurs options sont en ce moment testées.