Pourquoi de nombreux virus émergent-ils dans les marchés chinois ?

Comme pour le SRAS en 2002, l’épidémie de coronavirus est partie d’un marché chinois. Les « wet markets » asiatiques réunissent toutes les conditions pour la transmission de virus de l’animal à l’homme.

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Ayant émergé fin 2019 en Chine, le coronavirus a fait 18 morts et contaminé quatre cents personnes. Des cas ont été relevés dans d’autres pays, dont le Japon, la Corée du sud et les États-Unis. Baptisé 2019-nCove, ce nouveau virus de la famille des coronavirus, responsable d’infections respiratoires rappelle le SRAS qui avait tué 774 personnes en 2002 et 2003, même s’il semble moins agressif. Il partage cependant un autre point commun avec le SRAS, ainsi qu’avec certaines grippes aviaires. Pour toutes ces maladies, le premier lieu de contamination était un marché ouvert chinois appelé « wet market ».

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Les « wet markets » sont répandus partout en Asie. Les gens préfèrent y faire leurs courses plutôt que dans les supermarchés, tout simplement parce qu’on y trouve de tout, et surtout les denrées les plus fraîches. Ce sont justement ces raisons qui en font l’endroit le plus apte pour démarrer une épidémie.

À l’origine, les virus comme le SRAS ou les grippes aviaires se trouvent chez des animaux dits « espèce réservoir ». Pour le SRAS, la chauve-souris était porteuse. Elle l’a ensuite transmise à une autre espèce, « l’hôte intermédiaire » (la civette palmiste, petit mammifère dont les Chinois raffolent, était l’hôte intermédiaire du SRAS). Parfois, il y a une mutation du virus lors du passage de l’ « espèce réservoir » à « l’hôte intermédiaire » qui fait qu’elle devient transmissible à l’homme. C’est ce qui s’est passé avec le SRAS et le 2019-nCove. Pour les deux cas, la transmission s’est faite dans un « wet market » chinois.

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C'est quoi, un "wet market"?

La particularité des « wet markets » est qu’il s’agit d’endroits denses ; qu’on y trouve toutes sortes d’animaux (des poissons, des mammifères, des reptiles, de la volaille… Le marché de Wuhan est un marché aux poissons, mais on y trouve bien d’autres espèces, dont la civette palmiste pourtant interdite en Chine depuis l’épidémie du SRAS) et en grand nombre; et qu’on y vend aussi des animaux vivants (preuve de leur qualité et fraîcheur) et parfois sauvages ; en sus, les conditions d’hygiène y sont parfois déplorables (une étude universitaire de 2012 montrait que quatre marchés sur dix au Laos ne disposaient pas d’eau courante). Toutes ces conditions, et notamment le fait que les gens soient en contact étroit avec des animaux sauvages, favorisent les risques de diffusion d’un virus d’une espèce à une autre.

Des mesures avaient été mises en place par les autorités chinoises pour éviter les risques de contamination après l’épidémie du SRAS. Selon les observateurs, il y a eu des progrès, notamment au niveau hygiénique, mais tous les marchés ne suivent pas les règles. C’était notamment le cas du marché de Wuhan qui, lequel a été fermé le 1er janvier après que les autorités sanitaires chinoises ont établi le lien avec la nouvelle épidémie.

Jeudi, l'OMS a jugé qu’il était trop tôt pour considérer l’épidémie comme une urgence de santé publique de portée internationale, déclarant qu’il n’y avait pour l’instant "aucune preuve" d’une transmission entre humains en dehors de la Chine, mais a dit surveiller son évolution "minute par minute"

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