Les pouvoirs insoupçonnés du caca

De récentes recherches mettent en évidence la richesse qui se cache dans la matière fécale. Transplantée, celle-ci peut soigner des maladies comme les infections intestinales, le diabète, l'obésité et certains cancers.

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Un nouveau médicament vient d'arriver sur le marché qui serait apte à soigner les infections intestinales, le diabète, l'obésité ou la maladie de Crohn : la matière fécale humaine. Aux Etats-Unis surtout, la transplantation fécale (introduire les selles d'un donneur sain dans l'intestin d'un malade afin d'en reconstituer la flore bactérienne) a tendance a remplacé la prise d'antibiotiques. Ne riez pas, ce traitement fait des miracles !

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En vrai, l'efficacité de ce traitement n'a jusqu'ici été formellement prouvée que dans les cas d'infections intestinales graves. Mais de façon spectaculaire. C'est le très respecté New England Journal of Medecine qui l'annonce : pour cette maladie, la transplantation fécale est plus efficace que les antibiotiques. Elle a soigné 94% des patients contre 31% pour les antibiotiques.

Cela paraît saugrenu, mais le remède apparaît pourtant des plus logiques. Depuis quelques années, les chercheurs s'intéressent au contenu de nos entrailles, qui étaient, jusqu'alors, un continent inexploré. Or, c'est dans notre ventre que se situe ce qui pourrait bien être notre bien le plus précieux : notre flore intestinale. Ou, comme on dit aujourd'hui, le microbiote.

C'est quoi, le microbiote ?

Notre microbiote peut être comparée à une forêt dans notre ventre. Elle recèle des centaines de milliards de bactéries régulatrices et dix fois plus de cellules que le reste de notre corps. En clair, le microbiote intestinal a un impact direct sur le fonctionnement de notre organisme. Hippocrate lui-même, le premier des médecins, ne disait-il pas : « Toute maladie débute dans l'intestin » ?

Ainsi, plus notre forêt microbiotique est dense, mieux notre corps se porte. Or, les chercheurs ont découvert que le microbiote de la population occidentale industrialisée était beaucoup moins dense que celle des peuples vivant d'une manière proche de nos ancêtres, dans les forêts d'Amazonie ou d'Afrique. Une personne sur quatre en Occident a jusqu'à 40 % d'espèces bactériennes en moins. Notre forêt intestinale est dévastée.

Les raisons sont connues : un régime alimentaire déséquilibré (et en particulier déficient en fibres), une prise d'antibiotiques accrue (lesquels font l'effet d'une bombe dans notre microbiote), mais aussi les naissances par césarienne (par voie naturelle, le bébé ingère les bactéries du vagin de sa mère, de quoi lui créer une forêt dense dès son arrivée au monde).

Pour certains chercheurs, la matière fécale d'une personne en bonne santé (qui renferme de bonnes bactéries) introduite dans le corps d'une personne malade (en manque de ces bactéries) pourrait soigner différents types de maladies graves, comme certains cancers, le diabète, les troubles alimentaires ou la maladie de Crohn. D'où la transplantation fécale ou des pilules de matière fécale congelée comme remède, version moderne de la « soupe jaune » utilisée dans la médecine chinoise au 16e siècle.

Pour autant, les recherches en la matière n'en sont qu'à leurs balbutiements. Il y a encore énormément à découvrir. Certains médecins mettent d'ailleurs en garde contre la transplantation fécale qui peut renfermer des germes inconnus potentiellement néfastes. Une personne n'est pas l'autre, chaque microbiote est différente. Le documentaire diffusé par Arte Microbiote : les fabuleux pouvoirs du ventre, conclut d'ailleurs en préconisant un remède beaucoup moins drastique : cesser de prendre trop facilement des antibiotiques et mieux manger, jusqu'à vingt-cinq légumes par semaine, pour repeupler notre forêt microbiotique.

 

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