
Attentats de Paris et Bruxelles: où en sont les procédures judiciaires ?

Près de quatre ans après les attentats de Bruxelles, qui ont fait 32 morts et des centaines de blessés, l’identité des futurs inculpés sera bientôt connue avec certitude. Le parquet fédéral demande en effet le renvoi de huit personnes (sur 13 inculpés) devant la cour d’assises et de deux autres en correctionnelle ? Le non-lieu ou l’abandon des poursuites est préconisé pour les trois derniers. C’est ce que viennent de rapporter La Libre et la DH, qui ont eu accès au réquisitoire. Il reste désormais à la chambre du conseil à se prononcer. En d’autres termes de dire si elle suit entièrement ou en partie le parquet ? Verdict attendu dans les prochains mois. Alors qui sont les huit personnes susceptibles de se retrouver en assises ? D’abord Oussama Atar. Il est considéré tant du côté belge que français comme le véritable cerveau des attentats du 13 novembre 2015 et du 22 mars 2016. Il est présumé avoir été tué en 2017 par un bombardement en Syrie. Mais dans le doute, sachant que certains terroristes se font parfois passer pour morts pour mieux réapparaître plus tard, le parquet tient à le juger.
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Il y a ensuite Mohamed Abrini, connu comme “l’homme au chapeau”, et Osama Krayem. Tous les deux avaient renoncé à se faire exploser : le premier à Zaventem, le second dans le métro bruxellois. Viennent ensuite Salah Abdeslam et Sofien Ayari, qui se sont enfuis le 15 mars 2016 de la rue du Dries à Forest. Et enfin Ali El Haddad El Asufi, Bilal El Makhoukhi et Hervé Bayingana Muhirwa : trois personnes dont le nom ne dira rien au grand public mais présentés comme des logisticiens importants des attentats de Bruxelles.
Aucun dirigeant au procès belge
Une certitude : les têtes pensantes des attentats du 22 mars ne se trouveront pas derrière la barre. Au total, quatre personnes ont eu un rôle dirigeant dans les attaques de Zaventem et de Maelbeek. Le Belgo-Marocain Oussama Atar donc, mais également Najim Laachraoui, Ibrahim El Bakraoui et Khalid El Bakraoui. Depuis la Syrie, le premier aurait dirigé les cellules djihadistes de Paris et de Bruxelles. Il aurait non seulement coordonné leurs actions, mais les aurait aussi approvisionné financièrement via des paiements Western Union. Supposé mort, il ne sera évidemment pas présent au procès. Les trois autres cadres des attentats de Bruxelles sont, pour leur part, bel et bien décédés. Il s’agit des trois kamikazes du 22 mars. Il n’est donc pas possible de les poursuivre.
Mégaprocès sur l'ancien site de l'Otan
Le procès des attentats de Bruxelles devrait vraisemblablement avoir lieu en 2021. Il est en effet probable qu’il soit organisé après celui en France concernant les attentats de Paris. Salah Abdeslam devrait notamment comparaître aux deux procès, le belge et le français. Le site de l’ancien siège de l’Otan devrait en principe accueillir les débats. Sa durée est estimée à 6 à 9 mois. Les coûts d’aménagement des lieux font déjà l’objet de fortes critiques de la part d’une partie de la magistrature. Il est question de 20 millions d'euros. Le montant est jugé exorbitant par certains magistrats car l’infrastructure ne sera utilisée qu’une fois. D’autant que la justice française prévoit pour son propre mégaprocès des coûts d’aménagement d’à peine... plusieurs millions d’euros. Soit la somme nécessaire pour réaménager un ancien palais de justice de la capitale française.
À noter que Salah Abdeslam devrait donc être au final jugé trois fois. Outre les deux procès qui l’attendent en France et en Belgique, il est déjà passé devant un juge en 2018. L'ancien "ennemi numéro 1" du pays comparaissait devant un tribunal correctionnel pour la fusillade de la rue du Dries à Forest le 15 mars 2016. Avec à la clé une condamnation de 20 ans pour tentative d’assassinat à caractère terroriste sur des policiers. Il n’aurait pas été illogique que ces faits soient jugés lors du futur méga procès, mais la justice a préféré scinder les affaires. Vraisemblablement, car sachant que le procès de l’Otan mettrait des années à voir le jour, il s’agissait d’éviter au terroriste de passer cinq à six ans en détention sans le moindre procès.
Le procès français retransmis en direct
Les attentats du 13 novembre 2015, dont les attaques perpétrées à Paris et à Saint-Denis ont coûté la vie à 129 personnes et blessé 350 autres, vont également déboucher sur un procès hors-norme. Si 800 parties civiles seront présentes au mégaprocès belge, le chiffre grimpe à 1.700 du côté français. Les audiences devraient se tenir à Paris en 2021. Un projet de web-télé sécurisée est à l'étude afin de permettre une retransmission en direct des débats. Au total, le parquet national antiterroriste a requis un procès aux assises pour 20 personnes. Parmi eux donc, Salah Abdeslam, unique membre encore vivant des commandos des attentats du 13 novembre 2015. Il n'est pas encore possible de dire avec certitude s'il purgera sa peine en Belgique ou en France. Il est en revanche autoriser de prédire sans risque que l'individu ne ressortira jamais de prison.