
MiiMOSA, le crowdfunding des néo-artisans et paysans

Boulanger, fromagère, agriculteur, éleveuse, épicier, maraîchère. Dans les cases d’orientation professionnelle des millenials, ces métiers étaient passés à la trappe. À l’époque, on leur avait préféré graphiste, développeur ou encore marketeuse. C’était sans compter le virage que certains d’entre eux opèrent depuis quelques années, en quête de plus de sens.
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D'abord, il y a le rêve : mettre les mains dans la terre ou du moins la tête dans le concret, opérer à son échelle la transition écologique ou opter pour une consommation toujours plus locale. L’espoir d'une nouvelle vie aussi, pour ceux qui avaient pourtant tout pour réussir dans « la société moderne » : selon Jean-Laurent Cassely, essayiste des nouveaux modes de vie, 60% des nouveaux artisans seraient des diplômés du supérieur, peut-on lire dans son livre « La révolte des premiers de la classe » (Arkê).
Mais derrière le fantasme d’un projet porteur de sens, il y a aussi la réalité : une stratégie, un plan financier pour mener sa barque à bon port. Et si en cours de route, on faisait monter des personnes à bord ? C’était, dès 2014, l’intuition de la plateforme MiiMOSA : dès les premiers pas d'une entreprise liée à l’agriculture ou l’alimentation, fédérer une communauté, dialoguer directement avec ses futurs clients et se faire connaitre, avant même d’avoir ouvert. Et pour en prime démarrer l’aventure avec un sérieux soutien financier, la clef, c’était le crowdfunding.
©Unsplash/Nathan Dumlao
Retour sur investissement
Pratique popularisée au début des années 2010, le « financement participatif » — dans sa traduction francophone — permet de faire un don avec contrepartie à un projet. Contrairement à des plateformes généralises de crowdfunding telles que Kiss Kiss Bank Bank ou Ulule, MiiMOSA a décidé de se spécialiser et de se mettre au service de l’agriculture et de l’alimentation. Une initiative française, mais qui dispose d’un espace dédié à la Belgique, où l’on retrouve ainsi des collectes pour une épicerie zéro-déchet, une coopérative de houblon local ou encore un documentaire sur « les héros de notre alimentation ». Chaque campagne doit atteindre 60% pour avoir accès aux fonds — dans le cas contraire, les contributeurs sont remboursés. Parmi les success story de MiiMOSA, on compte entre autres celle de la micro-brasserie La Source, qui, après avoir créé ses premiers premiers brassins, a pu installer un bar inédit où l’on s’abreuve à même la cuve grâce à un financement de 24 605 euros. En échange de son service, la plateforme a ponctionné 8% des gains totaux.
Depuis 2018, MiiMOSA a ajouté une corde à son arc : des « prêts participatifs », qui permettent d’investir dans des projets agricoles et alimentaires et de percevoir des intérêts. D’après la plateforme, les prêts vont de 15 000 à 200 000 euros — pour 1 000 à 70 000 euros en ce qui concerne le crowdfunding. Paradoxe de l’affaire toutefois : la présence de super-acteurs du monde alimentaire tels que Danone ou Carrefour, devenu « le premier distributeur à lancer un projet de financement participatif de transition agricole ». Qu’il s’agisse de s’acheter une bonne conscience ou d'opérer un vrai changement, il arrive que la transition paie, en tout cas.