

Près de 90 % des 13-18 ans se connectent seuls à Internet. Selon une étude réalisée en 2011 par le réseau EU Kids Online auprès de 25 000 jeunes dans 33 pays, 59 % des 9-16 ans sont présents sur les réseaux sociaux et un quart d’entre eux a un profil public accessible à tout le monde. Et ce n’est pas sans conséquences. Child focus traite un dossier par semaine lié à des problèmes d’insécurité sur le web engageant des mineurs. L’an dernier, l’organisation de protection des enfants a ainsi pris en charge 150 dossiers de sexting, 46 dossiers de sextorsion et 36 dossiers de grooming. Le “ grooming ” est le fait pour un majeur de faire des propositions sexuelles à un mineur de quinze ans ou à une personne se présentant comme telle en utilisant un moyen de communication électronique. “ Les jeunes doivent être en alerte ”, s’inquiète Stephan Smets, porte-parole de Child focus.
Tout peut commencer très jeune. Le succès phénoménal du réseau social TikTok amène à du cyberharcèlement. Sur TikTok, les enfants, généralement entre 9 et 18 ans, partagent de petites vidéos d’eux sur lesquelles ils espèrent recevoir un maximum de like. “ Quand un jeune ouvre un compte, c’est d’office visible pour tout le monde. C’est donc dangereux parce que les enfants peuvent se faire approcher par des prédateurs ou recevoir des jugements durs de leurs pairs ”, explique Stephan Smets. Le sexting et les sextos sont devenus des pratiques assez banales chez les jeunes. Entre 20 et 25% des jeunes le pratiquent. Et des très jeunes sont concernés. Child focus traite des dossiers qui concerne des 11-12-13 ans. “ C’est donc l’âge où il faut les sensibiliser. C’est ok quand c’est pratiqué dans une relation de confiance mais cela peut devenir problématique quand c’est repartagé ou quand ça ne se déroule pas entre pairs. ”
Le grooming ou la cyberprédation, quand un adulte se fait passer pour un jeune pour obtenir une rencontre ou des photos sexuelles, peut mener à de la sextorsion, du chantage à la photo sexuelle. Les traces qu’on laisse sur le web sont un point d’attention essentiel : une photo ou une vidéo partagées sont très difficiles à supprimer. Même sur Snapchat, nul n’est à l’abri d’un screenshot qui permettra de garder et partager une image. Enfin, il y a le danger de fishing du point de vue bancaire où des malfrats récupèrent les données bancaires pour vider les comptes. Les jeunes ne sont pas toujours très au courant et prudents.
Child focus organise des sessions d’information dans les écoles. Une soixantaine de volontaires tournent pour donner des conseils de prévention aux jeunes. “ Le conseil principal c’est de ne pas faire sur internet ce qu’on ne ferait pas dans la vie réelle. Montrer ses parties intimes, on ne le fait pas dans la rue. Si on le fait quand même en ligne, mieux vaut veiller à ne pas être reconnaissable, à ne pas mettre soin visage, développe Stephan Smets. Les parents, eux, ont tout intérêt à dialoguer et à s’intéresser à ce que fait l’enfant en ligne. Si le dialogue est installé, en cas de problème, l’enfant pourra en parler avec l’adulte. Pour les enfants plus jeunes, le mieux c’est que les parents fassent aussi leur compte TikTok pour contrôler ce qui se passe. Il s’agit d’ajuster les réglages pour voir qui a accès à ce qui est mis en ligne ”.