Bruxelles réduit ses aides budgétaires aux cultes

Une réforme va plafonner le financement que la région apportera aux cultes. Comment les fidèles des religions concernées réagissent-ils à cette annonce ?

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Cela faisait depuis Napoléon qu’il en était ainsi, autant dire très longtemps. D’ici 2021, ce ne sont plus les communes bruxelloises qui financeront les cultes catholique, protestant, anglican et israélite mais la région. Mais que l’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas d’un simple transfert. La nouvelle réglementation cache des modifications qui ne manqueront pas de faire parler d’elles.

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Un soutien décroissant aux cultes

Les autorités en charge du dossier vont sensiblement réduire leurs aides annuelles aux budgets de ces communautés. En pratique, ces dernières seront financées jusqu’à 30 % des dépenses ordinaires, pas plus (si ce n’est légèrement en cas de regroupement d’établissements). La conséquence logique, c’est que les cultes concernés devront subvenir eux-mêmes au reste du budget.

Il s’agit donc en somme que ces communautés s’auto-financent le plus possible si ce n’est pas déjà le cas. L’autre but de cette réforme est une volonté d’uniformisation. Les établissements musulmans et orthodoxes sont en effet déjà concernés par ce régime régional. À partir de 2021, tout le monde sera un même pied d’égalité.

Autre point d’importance : jusqu’ici, les établissements sous régime communal ne devaient pas mettre à contribution leurs patrimoines privés afin d’assurer leurs financements. Ce privilège datant de la Révolution française sera lui aussi de l’histoire ancienne. La région pourra par exemple obliger la vente ou la location d’un de ses biens si cela est jugé nécessaire. Autrement dit, si un culte a besoin de financer des travaux d’investissement, l’argent ne devra pas venir du contribuable mais de ses propres revenus. S’il ne coopère pas, la région en viendra aux grands moyens en retirant sa reconnaissance, ce qui revient à couper brutalement les ponts.

Une réaction prudente des principaux intéressés

Évidemment, cette annonce ne devrait pas faire des heureux. Un chiffre permet de se rendre compte de l’ampleur du montant en jeu : en 2019, les communes bruxelloises ont été dans l’obligation de dépenser 1,7 millions d’euros afin de financer ces établissements religieux. Toutes les communautés ne seront pas impactées de la même façon et cela en fonction du patrimoine possédé. Celle catholique devrait ainsi être la principale victime de cette réforme au vu de ses nombreuses possessions.

Mais pour l’instant, la réaction de Thierry Claessens, adjoint à l’évêque aux affaires temporelles à Bruxelles, se veut modérée  : « On ne défend pas fermement le régime actuel qui date de 200 ans et qui pourrait être modernisé. Pour le reste, on a difficile de s’exprimer sur le sujet parce qu’on ne connaît pas exactement les détails de la réforme. En 2018, on a reçu un avant-projet puis on n’en a plus entendu parler jusqu’à l’annonce d’aujourd’hui. C’est un peu une déception que l’on n’ait pas été mis au courant de l’évolution du texte ».

Dans cette épreuve, les catholiques pourront compter sur le soutien d’autres cultes moins impactés. C’est du moins le cas de Philippe Markiewicz, président de la Communauté israélite de la capitale  : « Nous nous sommes toujours efforcés d’avoir un budget à l’équilibre et déjà actuellement, nous ne dépendons pas de la commune de Bruxelles. Mais il faut penser à ceux qui seraient plus lésés, autrement dit les catholiques. Je les soutiendrai certainement parce que cela fait partie de notre histoire. […] Je crois qu’il faudrait une concertation large pour faire preuve de modération et de nuance dans une éventuelle décision à venir. Il ne faut surtout pas être mis devant le fait accompli comme c’est le cas aujourd’hui ».

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