Le coronavirus provoquera-t-il la formation d'un gouvernement d'urgence?

Le coronavirus est un crash-test pour notre fédéralisme. La complexité de nos institutions et la fragilité de la situation fédérale résisteront-t-ils à la maladie ? Et plus encore l'urgence de la maladie unira-t-elle les politiques au point de former un gouvernement?

belgaimage-160523377-full

Sophie Wilmès est au pied du mur. La première ministre d'un gouvernement à la fois en affaires courantes et ultra-minoritaire pourra-t-elle gérer l'urgence, coordonner les différents niveaux de pouvoir et prendre toutes les mesures qui s'imposent ? Pour l'heure, tout se passe plus ou moins bien. À la tête des opérations, Maggie De Block, ministre de la santé fédérale et présidente actuelle présidente de la conférence interministérielle. La réunion de ce dimanche a réussi à réunir tous les ministres concernés. Et Belgique fédérale oblige, il y en avait sept autour de la table. Alain Maron (écolo) pour Bruxelles, Wouter Beke (CD&V) pour la Flandre, Christie Morreale (PS) pour la région wallonne, Antonios Antonadis (socialiste) pour la communauté germanophone, Valérie Glatigny (MR) et Bénédicte Linard (écolo) pour la fédération Wallonie-Bruxelles. Il s'en est suivi un PV détaillé sur les mesures à prendre en fonction de l'évolution de la situation.

Nos dernières vidéos
La lecture de votre article continue ci-dessous

8 ministres et 1 cavalier seul

« Ces dernières semaines, les différents niveaux de pouvoir ont bien collaboré, a souligné Maggie De Block. Pour cela, nous ne pouvons que remercier les différents services. Plus que jamais, cette intense collaboration doit se poursuivre. Chacun a un rôle à jouer dans le respect de ses compétences, pour lutter contre la propagation du virus ». Des scénarios sont ainsi prêts en fonction de l’évolution du nombre de patients dans notre pays, où chaque niveau joue un rôle avec ses propres compétences. Et la ministre De Block d'assurer aussi que toutes les mesures s’inscrivent dans le cadre international, tant vis-à-vis des prescriptions de l’Organisation mondiale de la Santé que des discussions entre les ministres européens de la Santé publique. Sa communication fluctuante n'est pourtant pas tellement claire. Les médecins généralistes dégustent.

Tout le monde groupé ? Il y en a au moins un qui joue (déjà) cavalier seul. C'est le bourgmestre de Woluwé-Saint-Lambert et ancien président de Défi. Olivier Maingain a interdit l'accès aux crèches et aux écoles aux enfants de sa commune qui reviennent d’une zone à risque. Pour Maggie De Block, qui réagissait sur la RTBF ce matin : "Ce sont des mesures disproportionnées. Ce ne sont des mesures qui ne doivent être prises qu’en phase 3 aiguë. Nous ne sommes qu'au début de la phase 2. Ca signifie que le virus se trouve chez nous, et on doit tout faire pour qu'il ne se propage pas trop ». Les mesures comme celles prises à Woluwe "ne servent à rien", selon elle.

La coalition "corona"

Dans la gestion de la crise actuelle, l'urgence sanitaire est bien entendu prioritaire. Mais il va falloir aussi répondre à l'urgence économique alors que le trou budgétaire fédéral est déjà abyssal : 12 milliards d'euros. C'est ici que la fragilité du gouvernement fédéral de Sophie Wilmès va être en posture délicate avec le risque d'être impuissant face aux conséquences en chaine du coronavirus. L'idée de former, dès lors, un gouvernement d'urgence pourrait gagner du terrain au fil des jours et des cas déclarés de coronavirus.

C'est d'ailleurs, d'une certaine manière, l'idée lancée dès vendredi par le président du CD&V. Joachim Coens a parlé d'un gouvernement « corona » sans qu'on sache si'il s'agissait de tenter une formation avec le CD&V et sans la N-VA. Toujours est-il que la dramatisation est un ingrédient souvent indispensable en cas de blocage politique. On notera aussi que l'ingénieur de formation n'en est pas à la première construction de solution. C'est lui qui avait parlé d'un gouvernement de techniciens il y a quelque temps. La formule d'un pays grippé envahi par les microbes aurat-elle plus de succès que la précédente ? C'est trop tôt pour le dire. Mais si c'est le cas, on pourra parler des bienfaits politiques du Coronavirus.

Débat
Sur le même sujet
Plus d'actualité