
Vers des mesures de confinement plus strictes en Belgique ?

“Ce n'est pas un lockdown.” Vendredi dernier, au lendemain de l’annonce des mesures mises en place par son gouvernement, Sophie Wilmès tenait à insister sur cette nuance : la Belgique ne vit pas un confinement généralisé. Du moins pas encore.
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Actuellement, les écoles, bars, discothèques et restaurants ont fermé leurs portes, même si, parmi ces derniers, de nombreux établissements ont opté pour les services livraison et take away. Hors alimentation et santé, les magasins doivent fermer le week-end. Toutes les activités sportives, culturelles et récréatives sont annulées. Les visites sont interdites dans les maisons de retraite et dans les prisons. L'offre de transports en commun est réduite. De nombreuses entreprises ont opté pour le télétravail pour leurs employés.
Depuis cette annonce il y a cinq jours - qui semble déjà d’une autre époque -, la situation a évolué. Le pays compte désormais dix décès dus au coronavirus et 1.243 cas de contamination. Ce dernier bilan ne portant que sur les cas analysés, il ne reflète toutefois pas la réalité de l’épidémie. Le nombre d’hospitalisations continue, lui aussi, d’augmenter, avec 361 personnes hospitalisées mardi, soit une hausse de 109 par rapport aux 24 heures précédentes. Ce qui inquiète fortement le personnel soignant. D’autant plus que le pic épidémique n’est pas atteint.
Prendre les devants
Pour la sécurité de leur clientèle et de leurs salariés, plusieurs chaînes ont dès lors décidé de ne plus ouvrir du tout, sans attendre de nouvelles indications du gouvernement. C’est le cas notamment de Decathlon, Exki, JBC, Fnac, Maisons du Monde, Mediamarkt, Vanden Borre, ainsi que de nombreux commerces indépendants, qu’une fermeture temporaire menace pourtant de faillite. Après avoir annoncé un service traiteur, take away ou livraison, certains restaurateurs ont fait marche arrière, décidant finalement, le coeur lourd, de fermer jusqu’à nouvel ordre.
Les magasins Luxus sont également fermés préventivement. © BELGA PHOTO ERIC LALMAND
Pour les autres, la fédération des commerces et des services en Belgique Comeos a adopté lundi soir de nouvelles mesures. À partir de ce mercredi midi, la règle d’un client par 10 mètres carrés de surface de magasin sera notamment d’application. Cette limite risque de créer des files à l’extérieur. C’est pourquoi le patron de Comeos Dominique Michel appelle à limiter ses achats “afin de ne pas rester trop longtemps à l’intérieur et de bien respecter la distance d’un mètre entre chaque personne”. Les clients sont également invités à payer par carte bancaire et à faire leurs courses seul, et non en famille pour protéger davantage les employés, eux aussi, largement exposés au coronavirus.
Le groupe Delhaize va encore plus loin, donnant la priorité aux plus de 65 ans entre 8h et 9h. En plus de mesures d’hygiène renforcées, le groupe Colruyt a décidé mardi de fermer ses magasins non-alimentaires, à savoir Dreamland, Dreambaby et fiets !
Vers un lockdown total ?
Dans ce contexte anxiogène, les appels à des mesures plus strictes et officielles se multiplient. Du côté des experts, mais aussi du côté politique. Sur VTM Nieuws, le président de la N-VA et bourgmestre d’Anvers Bart De Wever a demandé lundi au gouvernement fédéral - qu’il ne soutient pas - "d’instaurer un couvre-feu en soirée, par exemple à partir de 22 heures” pour tous les déplacements non-essentiels.
Les Belges doivent-ils se préparer à un confinement généralisé ? La rumeur enfle depuis plusieurs jours, même s’il n’en est rien pour le moment. Mardi, le porte-parole interfédéral Covid-19 Emmanuel André déclarait à la RTBF qu’ils prendraient les mesures du lockdown, bien qu’elles soient extrêmes, si cela s’avérait être nécessaire. Pour en arriver là, deux cas de figure : un système de santé surchargé, ou le non-respect des règles déjà mises en place, ce qui favoriserait la propagation de l’épidémie. Cette décision revient au Conseil National de Sécurité, qui pourrait se réunir ce mardi.
L’exemple français
Si la Belgique venait à imiter son voisin français - et non pas hollandais -, cela signifierait, hormis les besoins de première nécessité et les déplacements pour motif familial impérieux, plus de sortie à l’extérieur ni de réunion sans raison valable. En France, une amende pour les contrevenants sera prochainement portée à 135 euros.