
Accoucher en pleine épidémie, le stress supplémentaire

Impossible de reporter un accouchement. Même un confinement général dû à une pandémie n’y changera rien. Enceinte de neuf mois, Charlotte doit accoucher de son premier enfant dans les prochains jours. Dans un scénario idéal, elle aurait présenté son bébé, en bonne santé, à sa famille et à ses amis, autour d’un verre de bulles, non alcoolisées, les yeux, eux aussi, pétillants. Le coronavirus aura gâché ce moment de bonheur partagé. Car s’il n’est pas encore question de laisser les mamans accoucher toute seule, en Belgique, les visites sont interdites.
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“Il faut faire le deuil de l’accouchement qu’on avait imaginé. Pour la famille qui attend ce moment depuis autant de temps que nous, c’est dur…”, confie cette psychologue de 31 ans. Elle va bien entendu leur envoyer des photos et des vidéos, mais “ça ne remplacera jamais le fait de porter son petit-fils ou sa petite-fille dans ses bras”. Heureusement, son compagnon Alessandro sera, lui, présent et pourra assister à l’accouchement à une seule condition : ne pas sortir de la salle de naissance. “Certains tentent de nous rassurer en disant que cette période va nous permettre de construire tranquillement notre cocon à trois”, relativise Charlotte.
Séjour écourté
En temps normal, cette nouvelle aventure est déjà une plongée dans l’inconnu. En pleine épidémie, le coronavirus ajoute une couche de stress supplémentaire. Soutenus par leurs proches et le personnel soignant qu’ils remercient du fond du coeur, les futurs parents n’arrivent tout de même pas à cacher leurs inquiétudes. “Dans quel monde notre fille va-t-elle arriver ?”, s’interroge la future maman, stressée par ce pic épidémique qui n’est pas encore atteint et par la durée du séjour en maternité, qui est généralement de trois nuits pour un accouchement par voie basse et de quatre nuits pour une césarienne. “Il est déjà très court en Belgique, mais il pourrait être encore raccourci si tout se passe bien”, dénonce-t-elle, stressée à l’idée de rentrer chez eux, dorénavant à trois, mais sans soutien. Avec des retours à domicile plus précoces, ce sont les sages-femmes libérales qui vont être beaucoup plus sollicitées, alors que le personnel soignant à domicile est, lui aussi, en première ligne face à cet ennemi invisible.
© Unsplash / Aditya Romansa
Zéro soutien
Comme celui de Charlotte, les témoignages de futurs parents angoissés s’accumulent sur les réseaux sociaux, surtout en France, où certains hôpitaux ont décidé d’interdire l’accès à tout accompagnant en salle d’accouchement. Les femmes sont donc contraintes d’accoucher seules. Une situation inhumaine et inimaginable, également pour les futurs pères, privés de la naissance de leur enfant. “On est en train de nous ôter le plus beau jour de notre vie”, dénonçait l’un d’entre eux sur Facebook.
En pleine épidémie, une situation inédite et anxiogène, l’Organisation Mondiale de la Santé a tenu à rappeler que toutes les femmes ont le droit de vivre leur accouchement comme une expérience positive et sécurisée, y compris celles porteuses du virus. Rien ne peut justifier un accompagnement irrespectueux et des violences obstétricales, pas même le Covid-19.
All ???? have the right to a safe childbirth, whether or not they have a confirmed #COVID19. This includes:
✔️being treated with respect & dignity
✔️a companion of choice
✔️clear communication by maternity staff
✔️pain relief strategies
✔️mobility in labour where possible pic.twitter.com/dyZCrgJZZG— World Health Organization (WHO) (@WHO) March 21, 2020