
Masques: on avait fait des réserves en 2003

Un travailleur aide-soignant en maison de repos a enfin reçu des masques.. Mais après la confirmation de deux cas avérés dans son institution. Une infirmière aux soins intensifs parle de cauchemar. “ Nous allons manquer de tabliers, de médicaments, de personnel en bonne santé. Les collègues sont déguisés pendant 4h d’affilées, les visages sont épuisés. Les marques des élastiques sont sur leur nez, leur crâne est tatoué. On n’a pas le choix. C’est vraiment des conditions extrêmes. ” Un brancardier affecté au transport de patients “ covid ” les transporte sans gants et sans masque.
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“ On nous a demandé d’aider au tri des patients à l’entrée des urgences, le médecin nous a dit que le masque n’était pas nécessaire. Un second médecin arrive plus tard pour nous engu… en nous disant que le port du masque est obligatoire ! Entretemps, les patients nous ont peut-être transmis le virus… ”. Un aide-soignant en maison de repos est obligé de mettre un masque en tissu, lavé dans la lessiveuse du linge souillé des résidents… Une infirmière en maison de repos travaille seule la nuit sans masque, ils ont été mis sous clé. “ Il ne s’agit là que d’un échantillon des situations problématiques rencontrées par les représentants syndicaux du secteur non marchand, tonne la CNE. Ce ne sera pas possible de tenir ainsi dans la durée. Le sacrifice a ses limites ”. Mardi, la même CNE réclamait la démission de la ministre Maggie De Block.
Maggie De Block persiste
La ministre de la santé persiste et signe sur sa lancée. Les masques ne sont pas l’alpha et l’oméga de cette crise, selon elle. Elle estime tout de même que le personnel – mais seul lui ? – a besoin de masques. Pour le reste, c’est à son successeur, le ministre Philippe De Backer, libéral flamand lui aussi, de dénicher des stocks devenus le Graal sacré. La “ Task force ” tourne à plein régime et repose sur dix personnes “ expérimentées ”, a aussi fait savoir la ministre, soumise à la question au Parlement. “ On travaille avec les fournisseurs qu’on connaît et on cherche aussi à fabriquer des masques chez nous auprès de l’industrie du textile et de l’automobile ”, a développé la ministre De Block. 22, 6 millions de masques ont été actuellement fournis et 20, 5 millions ont été commandés. 100 000 tabliers et 289 000 boîtes de gants ont été trouvées. Voilà les informations fournies par le ministre De Backer.
En 2003, on avait fait des stocks
Et ? Sur le terrain, les équipements manquent alors qu’une réserve de 30 millions de masques aurait dû exister dans notre pays. Les ministres Onkelinx et Demotte avaient voici une dizaine d’années pensé à ces réserves à la suite du stress engendré par un autre virus, celui du SRAS. une grande épidémie de Coronavirus qui a infecté des milliers de patients à travers le monde. “ Mais visiblement, sous le gouvernement Michel il y a 3 ans, plus personne ne savait pourquoi des stocks avaient été faits alors que Guy Verhofstadt s’était révélé visionnaire à l’époque ”, confie une source qui était à l’époque aux commandes. “ La difficulté aussi, depuis, c’est que les politiques ont été en partie régionalisées. N’étaient-ce pas les ministres Maron (pour Bruxelles, écolo) et Morreale (PS, pour la Wallonie) qui auraient dû s’en charger, au minimum pour les maisons de repos ? ”. Les réformes de l’État successives dans notre pays ont envoyé la prévention santé dans les régions. Des comptes seront à rendre là aussi.