Faut-il généraliser le port du masque ? Oui, mais non...

Le débat s'anime au sein de la communauté scientifique. Mais le remède pourrait être pire que le mal.

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Le message vient de l'Académie française de médecine : «Il est établi que des personnes en période d'incubation ou en état de portage asymptomatique excrètent le virus et entretiennent la transmission de l'infection. En France, dans ce contexte, le port généralisé d'un masque par la population constituerait une addition logique aux mesures barrières actuellement en vigueur ».

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Or, dans le contexte de pénurie et de véritable guerre qui a cours pour l'accès aux masques de protection, ceux-ci doivent évidemment être réservés au personnel soignant et aux patients. C'est pourquoi l'Académie « recommande que le port d'un masque grand public, aussi dit alternatif, soit rendu obligatoire pour les sorties nécessaires en période de confinement ».

Mais est-ce vraiment nécessaire ? Voire efficace ? Tout le monde ne le pense pas. Pour contrer le coronavirus, il y a plusieurs méthodes qui ont été reconnues efficaces : le dépistage massif, la distanciation sociale (dont le confinement), et cette mesure qui fait débat : l'utilisation (généralisée) du masque.

Plusieurs écoles

Il y a plusieurs écoles. Les pays asiatiques recommandent à tout le monde de porter un masque. Les pays occidentaux ont toujours affirmé que cela ne servait pas à grand-chose. Les Américains, eux, pourraient faire (une fois de plus) volte-face, et recommander l'utilisation de masques faits maison dans les zones fortement touchées par l'épidémie. L'OMS, quant à elle, s'en tient au port du masque pour les soignants et les patients... Tout en avouant qu'il y a débat sur la question du port généralisé.

Sur les réseaux sociaux, certains pro-masques (pas forcément médecins, d'ailleurs) ont voulu appuyer leurs propos en comparant, graphiques à l'appui, l'évolution de la maladie Covid-19 en Asie et en Europe. Or, de nombreux chercheurs expliquent que ces comparaisons n'ont aucun sens. Car la réponse à l'épidémie s'est faite de manière bien différente selon les deux continents. Ainsi, Singapour et la Corée du sud ont dépisté à très grande échelle dès le début de l'épidémie (ce qu'a également fait l'Allemagne), la distanciation sociale est une culture au Japon (on ne se serre pas la main pour se saluer) et tous les pays asiatiques ont mis en place un confinement bien plus drastique qu'en Europe.

Comment se transmet le virus ?

La vérité est que cette question pose toujours question. On a encore beaucoup de choses à apprendre sur ce Sars-CoV2. Le virus se propage-t-il dans l'air ? On ne le pense pas. Le virus se transmet via des gouttelettes de postillon qui sont propulsées et retombent sur une porte, une vitre, un sachet plastique... Ou pas. Mais on a toujours considéré les plus petites gouttelettes qui se propagent plus longtemps dans l'air comme inoffensives. Donc, en maintenant un mètre cinquante de distance avec son interlocuteur, en se lavant régulièrement les mains et en évitant de se toucher le visage, le risque de contamination est on ne peut plus faible.

Mais si, malgré tout, des mini-particules infectées qui restent en suspens dans l'air transmettaient le virus... Alors, le port du masque se justifierait. Reste à savoir si une infime particule porteuse d'une infime portion du virus présente un réel danger...

L'autre question vient des porteurs du Covid-19, mais qui ne présentent aucun symptôme. Eux peuvent infecter d'autres personnes. Et c'est pour cela que les pro-masques prônent le port généralisé d'un masque de fortune pour la population. Afin de protéger les autres plutôt que soi ! Si on est porteur sans le savoir, il est mieux de porter un masque pour éviter de contaminer les autres. C'est d'ailleur le sens du communiquer de l'Académie française de médecine et du choix des pays asiatiques.

Une fausse bonne idée

Reste que beaucoup d'experts disent que le port généralisé du masque est une fausse bonne idée. Pour plusieurs raisons. Tout d'abord, parce qu'il pourrait donner un faux sentiment de sécurité et, ainsi, nous détourner des premiers gestes à avoir : garder ses distances et ne pas se toucher le visage. Ensuite, parce qu'un masque de fortune (comme une écharpe, tel que le prône le Master of Science Donald Trump...) a de réels risques de favoriser sa propre contamination : si une personne infectée sans le savoir me postillonne sur l'écharpe (ou un masque) et que je la remets ensuite en place, je suis certain de me badigeonner de Sars-Cov2 sur tout le visage, les mains et peut-être même ailleurs...

Emmanuel Bottieau, médecin et chercheur à l'UCLouvain, résumait la chose sur la RTBF. Les gestes à avoir sont, dans l'ordre :

1.      La distanciation sociale d'1m50

2.      Se laver régulièrement les mains (et à défaut de savon ou de gel à proximité, éviter de se toucher le visage)

3.      Et pourquoi pas, porter un masque si on est dans les transports en commun ou au supermarché, cela avant tout pour protéger les autres. Mais dans le parc ou en rue, cela ne sert pas à grand-chose. De plus, ceux qui ont vraiment besoin de masques, ce sont ceux qui en manquent, à savoir le personnel soignant.

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