10 experts nommés pour préparer l’après-confinement

La Première ministre Sophie Wilmès a chargé un groupe d’experts d’élaborer une stratégie de sortie du confinement. Une sortie qui ne pourra être que progressive.

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GEES, pour « Groupe d’experts en charge de l’exit stratégique » : c’est le nom du comité de 10 experts qui devront plancher sur l’après-confinement. Dans un communiqué, la Première ministre Sophie Wilmès (MR) a balisé ce lundi la mission du groupe, qui sera « d’élaborer une vision stratégique afin de guider la période d’assouplissement des mesures prises dans le cadre de la lutte contre le Coronavirus ». C’est Erika Vlieghe, cheffe du service des maladies infectieuses de l’hôpital universitaire d’Anvers qui pilotera un comité faisant la part belle aux mondes médicaux et scientifiques. On y retrouve en effet les désormais célèbres virologues Marc Van Ranst et Emmanuel André, ainsi que l’épidémiologiste Marius Gilbert et le biostatisticien Niel Hens.

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Pour le volet économique, ont été choisis Mathias Dewatripont, professeur d’économie à l’ULB ; Johnny Thijs, administrateur et président d’entreprises (Electrabel, Recticel, ex-Bpost, etc.) ; Pierre Wunsch, gouvernement de la Banque nationale de Belgique (BNB). La juriste Inge Bernaerts et Céline Nieuwenhuys, secrétaire générale de la Fédération des Services Sociaux (FdSS), viennent compléter le casting.Un casting très orienté sciences dures/économie, et qui manque peut-être d’un regard plus axé sur les sciences humaines. C’est en tout cas ce qu’a déploré sur Twitter le politologue de l’UCLouvain Vincent Laborderie, qui a jugé « interpellante » la composition du groupe.

Une levée graduelle des mesures

Ces 10 experts s’attellent à une tâche des plus ardues : arriver à concilier la levée des mesures de confinement tout en s’assurant que le Covid-19 ne se propage pas davantage. Théoriquement, le mieux serait de lever le confinement une fois l’épidémie disparue, et pas avant. Avec une population belge presque intégralement isolée, le virus ne trouverait progressivement plus personne à contaminer, et disparaîtrait, une fois toutes les chaines de transmission brisées. Sur le papier, cela semble évident, c’est la seule marche à suivre. Le problème, c’est qu’un tel scénario prendrait du temps, beaucoup de temps. Trop de temps probablement, eu égards aux coûts économiques, sociaux et psychologiques (on en a déjà marre maintenant !) du confinement. L’idée est donc de progressivement reprendre une vie normale, sans qu’une deuxième vague épidémique ne vienne nous frapper trop fort et noyer les capacités hospitalières.

Suivre l’exemple de l’Autriche ?

Dès lors, quand et comment dé-confiner ? C’est LA question. Il n’existe pas encore de consensus scientifique en Belgique et ailleurs dans le monde pour y répondre ; l’OMS n’a par exemple pas encore émis de recommandation précise à cet égard. On sait toutefois que la capacité à tester (tests de dépistage et tests sérologiques, pour juger de l’immunité au virus) sera primordiale pour sortir de la crise. Les experts réfléchissent à un plan de dé-confinement par étapes : on commencerait par certains secteurs économiques (mais choisis selon quels critères ?), puis ça serait au tour des écoles, avant de passer dans un second temps à l’horeca et puis enfin au redémarrage progressif (on insiste) de manifestations de masse.

Autre piste : opérer en fonction de l’âge, avec des personnes âgées qui devraient attendre plus longtemps avant de reprendre une vie normale. Est-ce que ce dé-confinement débutera dès le 19 avril, ou seulement à partir du 3 mai, date qui avait été avancée par les autorités belges comme une limite possible au prolongement des mesures ? Aucune certitude, à ce stade.

On en est réduit à observer ce qui se fait ailleurs : ce lundi, l’Autriche est le premier pays européen à avoir avancé un calendrier de dé-confinement. « Notre but est une remise en marche par étapes », a déclaré le chancelier Sebastian Kurz. Dès ce 14 avril, les petits commerces autrichiens devraient ré-ouvrir. Puis ça devrait être au tour des autres magasins (début mai), puis des restaurants (mi-mai) ; les grands rassemblements publics restant interdits au mieux jusqu’à la fin du mois de juin. À voir cependant si le modèle autrichien est transposable chez nous, l’épidémie ayant été plus virulente en Belgique qu’en Autriche, si on se base sur les chiffres de l’OMS du 6 avril, qui montrent un taux de létalité (en fonction des cas recensés au Covid-19) de 7,3% pour la Belgique, alors qu’il n’est que de 1,7% pour l’Autriche.

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