Le Covid-19 pourrait-il revenir chaque année ?

À l’image de la grippe, il n’est pas exclu que le virus devienne saisonnier. Si c’est le cas, il faudra alors encore attendre avant qu’il ne perde de sa virulence.

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Au début, peut-être avez-vous pensé, comme nous, que ce virus n’était qu’une simple grippe. Avec toutes les précautions nécessaires en utilisant l’adjectif « simple », puisque la grippe saisonnière étant responsable de près de 60.000 morts chaque année en Europe, selon l’OMS. Mais enfin, on se disait qu’il n’avait pas matière à s’inquiéter plus que ça. On sait maintenant, hélas, à quel point on se tromper. En revanche, à l’instar de la grippe, il n’est pas exclu que le Covid-19 se mue à son tour en un visiteur cyclique, qui reviendrait chaque année dès les premières gelées. C’est une piste que le virologue Emmanuel André n’a pas écartée ce mardi, lors du point-presse quotidien des autorités sanitaires fédérales : « D’autres coronavirus qui sont responsables d’infections plus légères chez l’homme et que nous suivons depuis plusieurs années ont des pics durant la période hivernale. Nous ne savons pas encore si nous observerons un même pic avec ce coronavirus, mais c’est tout à fait possible qu’il revienne de façon régulière ».

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Moins de contaminations en été ?

 L’épidémie pourrait-elle s’éteindre chez nous avec l’été qui n’est plus très loin et qui pointe déjà le bout du museau en ce début de vacances de Pâques ? En l’état, la science manque encore de recul pour répondre définitivement à la question. David Alsteens, professeur au Louvain Institute of Biomolecular Science and Technology de l'UCLouvain livrait au Vif une première piste de réflexion : « On sait qu'à la belle saison, il y a moins de contamination virale. C'est le cas notamment avec le virus de la grippe. Si le pic de l'épidémie est atteint chaque année en hiver (l'épidémie est d'ailleurs, cette année, derrière nous), le virus ne disparaît pas pour autant, mais est beaucoup moins présent ». Pas sûr que l’on puisse espérer la même chose avec le Covid-19. Pour certains experts, le virus serait sensible à de fortes chaleurs, passé soixante degrés. En dessous, la hausse des températures ne viendrait pas à elle seule à bout de la pandémie. Le climat n’est donc pas un facteur excluant ; l’Australie, Singapour ou Hong-Kong n’ont d’ailleurs pas été épargnés.

Le docteur Anthony Fauci, éminent directeur de l’institut national des maladies infectieuses (États-Unis) a quant à lui laissé entendre que le Covid-19 se porterait néanmoins mieux par temps froid que dans un climat chaud et humide. Cela pourrait s’expliquer par le fait que les gouttelettes expulsées par les malades résisteraient davantage dans le froid, et que le système immunitaire est affaibli en hiver ; la dégradation plus rapide des virus sur une surface chaude serait une autre explication avancée.

Le graal de l’immunité de groupe

Avec l’hiver qui arrive de l’autre côté du monde, le coronavirus pourrait bien continuer sa propagation dans l’hémisphère sud. C’est ce qui inquiète Anthony Fauci qui a prévenu : « S'ils [les pays de l’hémisphère sud] connaissent une épidémie importante, il nous sera indispensable d'être prêts à faire face à un deuxième cycle. Cela rend encore plus importante la nécessité de développer un vaccin, de le tester rapidement et de faire en sorte qu'il soit prêt et disponible pour ce prochain cycle ». On ne sera cependant pas au stade du vaccin commercialisable avant au moins un an, selon les estimations les plus optimistes. D’ici là, l’épidémie pourrait bien avoir le temps de reprendre chez nous. « Nous pensons qu’avec le temps, d’ici quelques années, il [le virus] se comportera de plus en plus comme un virus du rhume. Comme il existera une immunité partielle d’ici là, les conséquences d’une infection seront alors moins graves » a expliqué mardi le virologue et porte-parole interfédéral belge Steven Van Gucht.

Mais l’immunité de groupe, qui survient lorsqu’un grand nombre de personnes ont développé des anticorps et qui permet de casser les chaines de transmission du virus ne surviendrait qu’une fois que 60% environ de la population immunisée, selon les chiffres généralement avancés par les experts. En l’absence de tests sérologiques menés à grande échelle, il est beaucoup trop tôt pour juger si ce chiffre est atteint en Belgique. À titre d’exemple, Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique (France), a par exemple estimé ce mercredi que le taux d’immunité de la population française était « peut-être autour de 10 à 15% ».  Il se pourrait donc bien qu’il y ait donc encore pas mal de chemin à faire avant que le coronavirus ne soit plus qu’une « simple » grippe.

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