Magasins de bricolage et de jardinage rouverts: la fin d’une injustice?

Les jardiniers et autres commerçants visés par la nouvelle mesure du Conseil national de Sécurité se réjouissent, même si la gestion de la crise du Covid-19 laisse chez certains un goût amer.

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C’est un soulagement pour tout le secteur. À partir de ce samedi, les pépinières, jardineries et magasins de bricolage peuvent rouvrir leurs portes dans les mêmes conditions que les magasins alimentaires. Au lendemain de la conférence de presse, les autorités justifient leur décision “pour le bien-être du citoyen”. “On a conscience que la période de confinement est longue. On doit donc donner un peu de rêve aux citoyens et faire preuve de psychologie. C'est pour cela qu'on a rouvert les magasins de jardinerie et bricolage”, a expliqué ce jeudi matin sur la Première Pierre-Yves Jeholet, ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Mais au-delà de cette faveur pour occuper celles et ceux qui ont le temps, la raison est davantage économique.

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Si ces activités peuvent paraître secondaires aux yeux de certains, confinés désormais jusqu’au 3 mai, elles sont en effet essentielles pour la survie de nombreux commerçants. “85% du chiffre d’affaires annuel dans les jardineries se fait entre le 15 mars et le 15 mai, voire fin mai. Tout dépend de la météo. Quand on nous supprime ça, on perd notre année. Il était grand temps d’ouvrir”, explique Jacques Hendrickx, président de l’Association belge des jardineries (ABJ). De nombreux producteurs vont ainsi pouvoir éviter la faillite, même si les pertes liées à la crise sont irrécupérables. “Pensées, jonquilles, primevères, plants d’échalotes ou d’oignons… Tout est perdu. On a l’impression de jeter de l’argent par les fenêtres”, regrette celui qui est aussi patron de la Jardinerie de Beloeil, située entre Mons et Tournai.

Comme annoncé ce mercredi par le Conseil National de Sécurité, les commerces devront respecter les mêmes conditions sanitaires que les magasins d’alimentation. Ce n’est pas un problème pour ces établissements souvent dotés de grands espaces. L’achat de matériel, comme les gants et les masques, sera un nouveau coût à prendre en compte pour les acteurs du secteur, mais “le principal, c’est qu’on ait pu rouvrir”. “Forcément, la marge bénéficiaire sera quasi nulle cette année. On va travailler pour rien, mais au moins on existe encore”, confie Jacques Hendrickx.

Traitement de faveur pour les chaînes alimentaires

Avec cette nouvelle mesure, les autorités mettent fin à une “inégalité inacceptable”, selon le président de l’ABJ. Pendant le confinement, les grandes surfaces et autres animaleries étaient autorisées à écouler plantes, fleurs et terreau. “J’ai du mal à comprendre. On aurait dû interdire la vente à tout le monde. Je sais bien que ce n’était pas le plus important, mais cela reste honteux de la part du gouvernement. Ils ont tué le petit commerce en faveur des chaînes alimentaires”, s’insurge le jardinier, dans le métier depuis plus de 40 ans. D’autant plus que ces dernières se fournissent en Hollande, accuse-t-il, et ne cotisent pas auprès de l’Agence wallonne pour la promotion d’une agriculture de qualité (Apaq-W), ou de son homologue flamand (Vlam). “C’était l’occasion ou jamais d’aider le commerce local, et ils ont fait l’inverse.

Du côté des magasins de bricolage, le secteur veut à tout prix éviter le même rush qu’avant le confinement. Hubo rouvrira ses établissements samedi, Gamma compte sur une réouverture générale lundi. Tout comme Brico et ses quelque 150 magasins, même si les travailleurs ont partagé leurs inquiétudes lors d’un conseil d'entreprise ce jeudi matin. La CNE est pourtant claire: les questions de sécurité doivent être réglées avant toute réouverture.

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