La coupe du monde de football en hiver, sacrilège?

On le sait, la prochaine coupe du monde de football aura lieu en plein mois d’hiver. Une décision qui est restée en travers de la gorge de certains. Économiquement, cela n’est pas sans conséquence. Humainement, c’était indispensable.

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Le Qatar en juin et juillet, c’est 40°c dehors et pas un seul millimètre de pluie. Difficile, dans ces conditions, de s’imaginer tenir ne fut-ce qu’un petit jogging, alors un match de football… Pour éviter aux sportifs de jouer dans des conditions extrêmes, la FIFA a tranché : la coupe du Monde 2022 au Qatar aura lieu en hiver (du 21 novembre au 18 décembre précisément) au lieu de se tenir, comme de tradition, au mois de juin. Une décision qui a pourtant fait grand bruit dans le monde du ballon rond. Thierry Zintz, Professeur à la Faculté des sciences de la motricité de l’UCLouvain et titulaire de la Chaire olympique en management des organisations sportives, reviens pour nous sur trois polémiques.

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La coupe du Monde en décembre hiver impose une pause compliquée à gérer dans la saison des championnats nationaux et compétitions européennes. Le calendrier sera bouleversé (la saison en Ligue 1 devrait commencer plus tôt que d’habitude pour se terminer plus tard, avec une grosse interruption le temps de la compétition).

TZ : Tout ce qui rompt les habitudes constitue toujours un problème au départ. Au hockey sur gazon, la Coupe des Nations se déroule en plein hiver, au milieu de la saison pour les belges, qui s’y sont tout à fait adaptés. Mais pour le football, les enjeux commerciaux sont énormes. Organiser la coupe en hiver européen va perturber les championnats et donc avoir des conséquences sur la diffusion des matchs en télévision. Or, les clubs importants de Premier League retirent d’énormes revenus de leurs droits, qu’ils craignent de voir perturbé par ce changement de calendrier. Mais on est bien d’accord que, d’un point de vue humain, et pour la santé des joueurs, la décision d’organiser le mondial en hiver est parfaitement justifiée.

Le risque de blessure pour les joueurs est accru. Ils n’auront pas une période de vacances après la fin de la coupe pour se reposer.

TZ : C’est encore une polémique d’ordre économique pour les clubs. Il est évident que tout match et toute compétition amène le risque de blessure… Ici c’est une façon déguisée de dire, « nous les clubs, si nos joueurs reviennent blessés, on ne pourra pas les aligner, mais on devra quand même payer leurs salaires ». C’est donc une invocation pieuse des clubs par rapport à une réalité : si leurs joueurs ne peuvent pas jouer, il y aura un problème de valeur marchande.

L’engouement des supporters sera moins important car la période est moins propice à des vacances et trop proche de Noël pour inciter les gens à bouger.

TZ : Je pense que ceux qui sont réellement motivés (et il y en a un paquet, car on a quand même une belle équipe nationale qui peut faire une performance) seront au rendez-vous. Après, est-ce qu’ils vont aller au Qatar ? Difficile à prédire. Mais si on prend l’exemple des jeux olympiques, les vrais revenus se font sur les droits de télévision, pas les spectateurs présents. Il n’y aura donc pas d’incidence sur la télévision, quelle que soit la période (mes étudiants ne se gênent pas pour regarder Rolland Garros en pleine période d’examen, alors un mondial de football…). Sur le tourisme en revanche, je ne peux pas me prononcer.

Pour en savoir plus, lisez notre article "Qatar, horizon 2022". Rendez-vous en librairie à partir de ce mercredi ou dès maintenant sur notre édition numérique, sur iPad/iPhone et Android.

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