Faut-il redouter un reconfinement en Asie?

Depuis plusieurs jours, les mauvais signaux s’accumulent en Chine, au Japon et à Singapour. Les mesures prises contre le Covid-19 se multiplient alors que la région semblait sortie d’affaire. Il n’est pourtant pas sûr que la situation soit amenée à se dégrader.

belgaimage-163746785-full

Avec le déconfinement, début avril, de Wuhan, épicentre du Covid-19, l’Extrême-Orient poussait un grand soupir de soulagement. La nouvelle semblait enfin signer la fin du cauchemar et le début du renouveau. Sauf que le coronavirus semble encore attaché à sa région natale. Depuis la moitié du mois, plusieurs signes montrent que l’Asie n’en a pas totalement fini avec l’épidémie, ce qui pose question non seulement aux pays concernés mais aussi aux Occidentaux qui entament à peine leurs sorties de lockdown.

Nos dernières vidéos
La lecture de votre article continue ci-dessous

Un repli a priori inquiétant

Le cas le plus médiatisé ces derniers jours est probablement celui de la ville chinoise de Harbin, dans la province septentrionale du Heilongjiang. Le mercredi 22 avril, les autorités locales décident de passer à l’action face à une recrudescence du Covid-19 dans la région. À cause des cas importés de la Russie toute proche, deux foyers de la maladie ont été détectés dans des hôpitaux et des mesures ont été prises. En plus de la mise en quarantaine d’étrangers déjà en place ailleurs dans le pays, les voyages entre Harbin et l’arrière-pays sont restreints et les contrôles augmentés. À l’est de la province, la ville de Suifenhe a été confinée.

Malgré la peur de voir la Chine redevenir la cible du coronavirus, cette mauvaise nouvelle reste locale. Il n’en est pas de même du Japon et de Singapour qui sont concernés à l’échelle nationale. Ces pays semblaient pourtant jusque-là être plus ou moins épargnés grâce à des méthodes efficaces, notamment de dépistage de la maladie. Brandis parfois en exemples, ils finissent aujourd’hui par imposer un confinement plus ou moins dur à leurs populations sous forme d’états d’urgence. Depuis ce week-end, les rues de Tokyo sont brutalement devenues plus calmes. Singapour, qui a vu certains de ses travailleurs migrants contaminés, a non seulement prolongé son dispositif sanitaire jusque juin mais en a aussi renforcé les mesures. Pire, plusieurs pays comme le Japon et la Corée du Sud sont en vacances et les autorités redoutent aujourd’hui une tâche d’huile de la contagion avec les déplacements de leurs habitants.

Une deuxième vague ? Pas à l’ordre du jour

Il n’en fallait pas plus pour que la menace d’une deuxième vague de l’épidémie ne soit brandie. Pour autant, plusieurs spécialistes tempèrent cette analyse. « Même si on observe des flambées épidémiques comme en Chine, cela n’est pas forcément comparable avec ce que l’on a déjà vécu », observe Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique, pour le Parisien. Aussi interrogé par France Culture, il parle d’un phénomène plutôt lié à un risque prévisible de rechute de la maladie, la population n’étant pas encore bien immunisée. Selon lui, il n’y a encore aucun signe concret de deuxième vague où que ce soit dans le monde.

Il faut rappeler aussi que le nombre de cas dans ces pays reste limité, voire déjà en baisse. Le Japon, qui a compté plus de 600 nouveaux cas par jour à plusieurs reprises début avril, n’en a eu plus que 112 ce mardi. Idem pour Singapour avec aujourd’hui 690 nouvelles infections contre 1.426 le 20 avril. Les nouvelles mesures pourraient donc entériner la décrue et le risque d’une deuxième vague en Asie semble donc limité. Les craintes restent plutôt focalisées sur la capacité du virus à muter pour mettre à mal tout projet de vaccin, voire devienne plus dangereux.

Débat
Sur le même sujet
Plus d'actualité