Les étudiants plongés dans l’incertitude avec les examens

L’UCLouvain a décidé de réduire son utilisation du logiciel anti-triche TestWe pour les examens en confinement. Trop de plantages signalés. Cela n’est pas pour rassurer les étudiants qui stressent déjà énormément durant cette période. Dans d'autres établissements, comme à l’ULB, ils font aussi remarquer que les problèmes d'organisation ne sont pas absents non plus.

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C’est l’épilogue d’une année de durs labeurs, voire de l’ensemble des études pour ceux en fin de master. La session de juin est un moment important, mais cette fois, il a une saveur particulière avec le confinement. Les universités sont obligées de rivaliser d’imagination pour trouver un moyen d’assurer la tenue des examens, parfois non sans couacs retentissants. Dernier exemple en date: l'abandon du logiciel TestWe pour certains examens de l’UCLouvain, mais les étudiants pointent d’autres points noirs.

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Louvain dans la tourmente du TestWe

L’affaire du TestWe s’est avérée être un échec, du moins partiel, à Louvain-la-Neuve. Ces dernières semaines, le logiciel a été mis à l’épreuve avec des tests blancs mais les nombreux plantages n’ont eu pour effet que d’augmenter l’anxiété des étudiants qui se seraient bien passés de cela. «Par exemple, il y a dix jours, c’était déjà compliqué avec notre premier test blanc», raconte Julien (nom d’emprunt), étudiant de la faculté ESPO, pour l'instant la seule à avoir décidé un abandon total de TestWe. «J’ai dû redémarrer mon ordinateur et le logiciel pour que cela marche et pour d’autres, cela n’a pas fonctionné du tout. On nous a répondu que ce genre de situation n’allait plus se reproduire et puis, hier, avec un autre test blanc, rebelote et ça n’a été pour personne. Ça nous a fait prendre conscience à quel point un problème informatique peut ruiner nos examens».

Depuis, un mail a été envoyé pour préciser comment TestWe allait être remplacé lorsque c'est le cas. «Apparemment, ce serait par d’autres plateformes: Moodle, Teams voire par e-mail. Je continue à me préparer mais je suis un peu inquiète de voir tous ces changements de dernière minute, mes examens étant dans moins d’une semaine. C’est un chamboulement qui arrive très tard et il faut encore voir si ça ira mieux après», dit Kath, une autre étudiante de l’UCLouvain.

Outre le problème de TestWe, Vanessa (nom d'emprunt), une étudiante en fin de master de journalisme, est aussi inquiète pour les tactiques choisies par sa faculté pour remplacer les examens écrits. «À la place, on a beaucoup de travaux longs et lourds à faire. On perd pas mal de temps alors qu’on doit faire notre mémoire et ça nous crée beaucoup de stress. Par exemple, on a eu une sorte de rébellion par rapport à des travaux en radio qui n’apportaient rien pédagogiquement parlant mais qui étaient seulement destinés à remplacer ce qui aurait dû exister à la base», dit-elle. Selon elle, pour soulager les étudiants, il y a seulement eu «des mesurettes qui ne rendent pas vraiment le travail plus facile».

Autre université, autres soucis

À l’ULB, il n’est pas question d’un problème tel que celui de TestWe. «À la place, on a notamment une charte sur l’honneur pour jurer que l’on ne triche pas», témoigne Émeline, qui étudie là-bas et qui remarque que s’il y a des bugs sur les programmes, ils semblent bien moins nombreux qu’à Louvain. «Mais on a pu entendre parler de quelques cas, comme lors d’un test en kiné. Ça nous stresse tous car si certains en ont, cela veut dire que nous pourrions avoir la même chose», dit-elle.

Ce sentiment d'insécurité face aux problèmes informatiques est aussi présent chez Marie, une autre étudiante de l’ULB. «En temps normal, devant notre feuille, rien ne peut arriver de spécial. Ici, il y a plein de paramètres à prendre en compte: la batterie de l’ordinateur, le wi-fi… C’est très déstabilisant. Certains professeurs sont compréhensifs mais d’autres ne font rien pour aider, par exemple en changeant les modalités au dernier moment», raconte-elle.

Si elle ressent plus de stress par rapport à la logistique que par rapport aux programmes de l’université, Marie ne manque pas de relever que plusieurs incidents l’ont déjà marquée. «Mon copain a vu que quelques enseignants étaient intraitables avec le temps imparti alors que certains étudiants peuvent avoir des tonnes de problèmes techniques qui les auraient handicapés. Il y a aussi ceux qui ont été déconnectés et qui ont perdu leurs données en plein test. Enfin, pour certains examens, c’est un algorithme qui s’occupe des corrections. Donc il suffit d’écrire mal un terme, par exemple avec un espace en trop, et la réponse peut être considérée comme mauvaise, alors que ce n’est pas le cas. Quand on a parlé de ce problème avec la prof, sa réponse a été: "En médecine, c’est comme ça qu’ils font leurs examens, donc ne vous plaignez pas"».

Enfin, il faut prendre en compte ce qui se passe à l’intérieur de la «salle d’examen», à savoir bien souvent la chambre de l’étudiant. Certains sont testés au milieu de leurs proches et la cohabitation à ce moment-là n’est pas toujours simple. D’autres ont préféré un choix plus radical. «Ces examens me stressent et c’est aussi pour ça que je suis restée dans mon kot à Bruxelles», explique Gaëlle, également étudiante à l’ULB. «Je n’aurais pas pris le risque de retourner chez moi à la campagne avec la connexion qu’il y a là-bas et au moins, ici, j’ai la chance d’être seule pour les examens. Mais même à Bruxelles, comme on a pu le voir, on n’est pas à l’abri d’un imprévu».

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