
Pourquoi les élèves peuvent soudainement retourner à l'école massivement?

Et soudain, il n'y eut plus aucun problème. À peine plus de risques. Le virus ? Quel virus ? Les enfants retournent à l'école comme si rien, ou presque, ne s'était passé depuis deux mois.
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Qu'est-ce qui a changé ?
Il se dit, pour reprendre les mots de dix ministres (10!) fédéraux, régionaux et communautaires qui se sont mis d'accord que « les indicateurs pertinents dans le suivi de l’évolution de la propagation du Covid-19 dans notre pays continuent à être encourageants ». En clair, les chiffres de l'épidémie sont encourageants, celle-ci ne reprenant pas de plus belle avec le déconfinement. Ensuite, les experts indiquent que « les études ainsi que l’expérience acquise dans différents pays montrent que les enfants seraient, d’une part, moins affectés par le virus et, d’autre part, moins contagieux. Par conséquent, la réouverture des écoles n’entraîne pas de recrudescence significative de l’épidémie à condition que certains protocoles continuent d’être suivis scrupuleusement ».
Certes, mais cela, nous le savions depuis longtemps. Depuis le début de l'épidémie, à vrai dire. C'était d'ailleurs un point de discorde entre la Région flamande et la Fédération Wallonie-Bruxelles lors de la mise en place des mesures de confinement en mars dernier. Les Flamands regardant ce qui se faisait dans les pays scandinaves et écoutant attentivement l'avis des experts tandis que la partie francophone du pays, toujours arrimée à ce qui se fait en France, s'est sentie obligée de suivre la vision « nous sommes en guerre » du président Macron. Le compromis à la belge trouvé à l'époque : les écoles restent ouvertes, mais les classes sont suspendues.
À l'heure du déconfinement, la Région flamande a donc pris les devants. Il y a cinq jours, Ben Weyts, ministre flamand de l'Enseignement, annonçant donc son intention de ramener les enfants à l'école maternelle et primaire pour le 2 juin, sans vraies conditions (pas de masque, pas de distanciation sociale ou de nombre maximum d'élèves en maternelle). Cela avait assez duré. Les Francophones suivraient ou ne suivraient pas, libre à eux ! C'est ainsi que mercredi soir, le Royaume de Belgique, uni comme une seule nation, a annoncé le retour de tous les enfants (et plus seulement les élèves de secondaires, selon un ordre impair pour une matinée sur deux...) à l'école pour ce dernier mois de l'année scolaire.
Concrètement, comment fait-on ?
· Les maternelles. Le 2 juin, toutes les classes de maternelle reprendront. Si le port du masque est toujours conseillé entre adultes, il n'est aucunement nécessaire pour les enseignants lorsqu'ils s'occupent des enfants. Ni aucune distanciation sociale « pour des raisons pédagogiques et sociales ».
· Les primaires. Reprise de toutes les classes en primaire à partir du 8 juin... Avec un « jour d'essai » le 5 juin. Les 6e, puis les 1ère et 2e primaires ne seront plus seuls dans la cour de récré. Ici, il est demandé aux enseignants de porter un masque. Mais pas aux élèves. Il est aussi demandé aux enseignants de respecter les mesures de distanciation sociale avec les élèves. Mais les élèves, entre eux, sont libres de tout mouvement. En clair, les adultes doivent suivre les règles, les enfants, pas tant que ça. Sauf durant la récréation, où il leur sera demander de favoriser leurs camarades de classe pour aller jouer aux billes...
· Les secondaires. C'est là que ça se complique. La reprise en secondaire n'était déjà pas vraiment claire il y a deux semaines, là, ça devient une véritable usine à gaz. C'est qu'on a déjà assuré à nombre d'élèves qu'ils avaient réussi leur année. Autant dire qu'à leurs yeux, celle-ci est terminée. En gros, la balle est dans le camps des communautés. Selon la communication officielle, si celles-ci « décident de permettre à plus d’élèves de revenir à l’école, cela ne peut se faire que quelques jours » moyennant le respect des conditions – à savoir le port du masque (pour professeurs et élèves), mesures d'hygiène, aération des classes, activités en extérieur à favoriser et plan d'urgence établi par l'établissement en cas de nouveau foyer de contagion.
Si des inquiétudes se sont déjà fait sentir du côté des syndicats d'enseignement et des parents d'élèves, il faut noter que il faut noter que la décision finale sera prise par les établissements. Par ailleurs, l'école a repris chez pas mal de nos voisins, notamment en Allemagne, en Autriche, aux Pays-Bas, en Scandinavie, en Suisse... et même en France. La plupart depuis presqu'un mois. Et partout, la courbe de l'épidémie continue de descendre.