Pourquoi le confinement a congelé votre libido

Si votre libido est en berne en ce moment, rassurez-vous, vous n'êtes pas seul. Un couple sur cinq affirme ne pas avoir eu de rapport sexuel en confinement.

un couple s'embrassant à travers une vitre - Unsplash

On nous avait prédit un baby-boom neuf mois après le confinement. Coincés entre quatre murs, on imaginait déjà les couples comme des lapins en cage, se sautant dessus à toute heure du jour et de la nuit. Il n'en fut rien. Le printemps érotique annoncé n'a pas eu lieu. C'est même tout à fait le contraire.

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D'après un sondage français, réalisé fin avril, un couple sur cinq (21%) confiné sous le même toit affirme n’avoir eu aucun rapport sexuel au cours des quatre dernières semaines, contre 10% en temps normal. Cette baisse de l’activité sexuelle va de pair avec un sentiment de satisfaction sexuelle à la fois moins large et moins intense, ressort-il également de cette étude réalisée par l'Ifop pour Charles.co, un site de consultations en ligne de sexologues. Parmi ces couples confinés ensemble, 27% ne sont pas du tout ou peu satisfaits de leur vie sexuelle durant le confinement. Même constat aux Etats-Unis, où 44% des répondants trouvent que leur vie sexuelle a diminué et a perdu en qualité. Si ce chiffre est plus important qu'en France, c'est surtout parce qu'il prend également en compte les célibataires, qui se sont retrouvés, par la force des choses, dépourvus de partenaire.

Stress et promiscuité

Qu'on soit célibataire ou en couple, peu importe, le confinement a eu un impact sur les comportements sexuels. Et cela ne surprend « pas du tout » la sexothérapeute Valérie L'Heureux. La baisse de libido est « tout à fait normale » en cette période angoissante, bien que le stress ne soit pas le seul facteur qui peut expliquer ce phénomène. La promiscuité impliquée par le confinement est également pointée du doigt, malmenant le manque, l'attente et la distance, instruments clé du désir. Chez les couples qui n'avaient pas l’habitude de passer autant de temps ensemble, le confinement peut s'accompagner de moments de « tendresse »… ou de « disputes ». « On l'a malheureusement remarqué avec l'augmentation de violences conjugales et intrafamiliales à cause de la trop grande proximité. Il n'y a pas échappatoire », explique la sexologue clinicienne.

Une difficile intimité

Pour l'experte, il serait aussi intéressant de connaître les chiffres par tranche d'âge. Car le confinement n'est pas vécu de la même manière par un jeune couple en bonne santé que par « des personnes plus âgées, considérées comme à risque, qui n'ont pas osé se rendre chez leur médecin » durant cette période. « Ils ont eu certainement plus de stress, ils ne se sont peut-être pas bien soignés. C'est aussi une indication pour avoir moins de rapports sexuels », avance Valérie L'Heureux. 

D'autres conditions de vie peuvent jouer un rôle, comme la taille du logement, la situation professionnelle, la présence (ou non) d'enfants… Entre le surplus des tâches ménagères et le travail du « care » toujours majoritairement féminin, la sexothérapeute n'est pas non plus étonnée de constater que la perte de désir touche davantage les femmes: un cinquième d’entre elles disent souffrir d'une baisse de libido, contre un homme sur dix. L'injonction de la performance et le mythe de la virilité pesant sur ces derniers pourraient également fausser un tant soit peu les résultats.

Pas de panique

Face à ces différents constats, Valérie L'Heureux rassure: « C'est normal. Nous sommes dans une période extraordinaire. Ce n'est pas le moment de remettre en cause son couple parce qu'on se dit qu'on n'a pas fait l'amour et qu'on aurait pourtant dû le faire », déclare-t-elle, rejetant totalement cette injonction. La sexothérapeute conseille plutôt de casser la routine installée pendant le confinement en changeant d'air, en découvrant de nouveaux endroits. « Prévoir une soirée entre amis sur une terrasse est plus bénéfique pour le couple que programmer un samedi soir rapports sexuels. La libido va naturellement remonter, à court ou moyen terme. Il faut positiver. »

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