
Quand pollen et Covid-19 ne font pas bon ménage

Chaque année, c’est la même histoire. Les beaux jours reviennent, de même que les éternuements pour un Belge sur cinq à cause du rhume des foins. Mais cette fois-ci, le retour du pollen de graminées s’accompagne d’un autre trouble-fête : le coronavirus. Il s’avère justement que les deux ont un impact sur les capacités respiratoires et que leur combinaison peut s’avérer dangereuse pour certains, et ce pour plusieurs raisons.
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Une population à risque?
Pour l’Association Asthme et Allergies, l’asthme, lorsqu’il n’est «pas contrôlé», représente «clairement» un critère de risque dans le cadre de la crise du Covid-19. Pour les autres personnes allergiques, «cela dépend de l’âge, du traitement de fond, de l’importance des symptômes et des résultats des mesures de souffle», répond-elle dans son FAQ sur le coronavirus. En cas de doute, elle rappelle qu’il vaut mieux contacter son médecin.
Elle tient par ailleurs à rassurer les personnes allergiques. Si elles constatent de plus grandes difficultés respiratoires cette année, ce n’est pas forcément dû à l’épidémie de Covid-19. C’est simplement qu’il a fait tellement beau en ce mois de mai que la pollinisation est particulièrement forte. Notons au passage que, comme le rappelle le porte-parole interfédéral Yves Van Laethem, «la population à risque face aux températures élevées de l’été est la même que pour le Covid-19 : ce sont essentiellement les personnes âgées». Si ces dernières sont asthmatiques, elles représentent donc d’autant plus une population à risque.
Observer les symptômes s’avère crucial pour estimer le risque qui pèse sur les personnes allergiques. Autant le rhume des foins que le Covid-19 affecte les voies respiratoires mais il y a des différences. «La fièvre et les douleurs musculaires devraient susciter une attention particulière car elles pourraient être causées par une infection virale», alerte le Réseau de Surveillance Aérobiologique Belge. Yves Van Laethem fait aussi remarquer que les symptômes d’un rhume des foins sont logiquement plus importants en extérieur, contrairement au Covid-19 qui n’est pas affecté par ce critère. L’Association Asthme et Allergies ajoute enfin une grande fatigue, des maux de tête et des courbatures comme signes probables du coronavirus, sans oublier la perte d’odorat et de goût si cela n’est pas lié à une obstruction nasale.
Se protéger mais aussi protéger les autres
Face à cette problématique, les experts ont donné plusieurs recommandations pour limiter le danger. Au volet des gestes barrières, il est recommandé que les personnes allergiques soient très attentives au port du masque. Comme le précise Lucie Hoebeke, collaboratrice chez Sciensano, «s'il faut un masque FFP2 pour limiter le contact avec les allergènes du pollen, il est important de dire qu'un simple masque chirurgical permet d'éviter que les personnes allergiques porteuses du Covid-19 ne puissent contaminer d'autres en éternuant ou en toussant, même si la distanciation sociale est respectée».
Yves Van Laethem rappelle par ailleurs qu’il est important à ce que les traitements anti-allergiques soient bien respectés. «Il n’y a pas de lien entre le traitement des allergies au pollen et la sévérité des cas de Covid-19», dit-il. L’Association Asthme et Allergies tient aussi à être clair sur ce point: «contrairement aux anti-inflammatoires non stéroïdiens, les corticoïdes par voie générale (Solupred, Celestene, Prednisolone, Prednisone…) ne sont pas associés à une aggravation des infections par le Covid-19», tout comme pour les antihistaminiques. Par contre, si une désensibilisation a été commencée et que la réaction est trop forte, il vaut mieux l’interrompre, surtout en cas de contamination au Covid-19.
Enfin, pour limiter son exposition au pollen, les experts interfédéraux belges rappellent les traditionnels conseils qui reviennent chaque année contre les allergies: se laver les cheveux qui retiennent le pollen le soir, ne pas sécher son linge à l’extérieur et porter des lunettes de soleil pour éviter le contact entre le pollen et les yeux. Ces astuces, simples à mettre en œuvre, sont d'autant plus importantes que la pollinisation est très forte ces jours-ci. «Nous avons jusqu'à présent relevé des concentrations de pollens de graminées au-dessus des moyennes journalières par rapport à ces dix dernières années», constate ainsi Lucie Hoebeke qui prévient que les valeurs resteront de toute évidence élevées tant que les conditions météorologiques seront favorables.