Le coronavirus tuera-t-il le tourisme de masse?

Le tourisme de masse et le modèle low cost sont mis à rude épreuve par  la crise du coronavirus. L’occasion de repenser le modèle.

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"Tout le modèle low cost s’effondre”, annonce Alain Decrop, professeur en marketing aux FUNDP et expert en tourisme. “Le low cost est rentable parce qu’il chasse les coûts. Or on constate que les gestes barrière et les mesures de distanciation vont engendrer des coûts supplémentaires.” Il faudra désinfecter par exemple tout un avion entre les passagers. Or,  Ryanair fonctionne justement beaucoup sur des temps de rotation entre chaque vol très courts. Un avion qui devra être plus longtemps sur le tarmac sera nécessairement moins rentable. “Un avion, pour être rentable, doit aussi être rempli à 75 %. Il n’y a pas beaucoup de solutions. Soit les prix augmentent de 40 %, soit les voyages se feront à perte. Là où Ryanair opérait quatre vols par jour, ce sera trois tout au plus”, prédit Alain Decrop. Autre inconnue qui pèse sur le modèle low cost: les états d’âme des voyageurs. “Par le passé, après un attentat ou un crash d’avion, il fallait entre 3 et 6 mois avant de redonner confiance au public...

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Le tourisme de masse a permis jusqu’ici à des populations entières de partir pour pas cher, mais au prix d’une dégradation de l’environnement. Le secteur représente 8 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales en raison, notamment, des transports aériens. Les villes prennent plus que jamais conscience de l’urgence. En premier lieu, Venise, très prisée par les touristes. Les élus pensent désormais instaurer des quotas alors que, l’année dernière, plus de 30 millions de personnes ont foulé le sol de la cité. “C’est l’occasion d’aller vers un tourisme intelligent. Avec des touristes qui prennent le temps de comprendre et ainsi de sortir des circuits frénétiques d’autrefois”, explique le maire adjoint de Venise.

Alain Decrop ne croit toutefois pas à un changement radical. “Le Belge retrouvera assez vite ses  comportements antérieurs et son engouement pour le rapport soleil/prix. Quant aux villes assaillies par les touristes, elles font du “démarketing” depuis des années.

Quotas de visiteurs

Le logo en lettres géantes “IAmsterdam” planté devant l’hôtel de ville faisait les beaux jours de milliers d’instagrameurs: il a été démonté. Et Bruges ne fait plus aucune publicité pour attirer le moindre Belge le long de ses canaux depuis bien longtemps. “Ce mouvement va s’accélérer avec la crise. Des taxes et des quotas pour admettre un nombre précis de touristes vont être imposés. Ce n’est pas le corona qui a inventé ça, mais c’est le corona qui va le généraliser.”  En attendant, pour repenser ce tourisme à bout de souffle, le commissaire européen en charge du Marché intérieur, Thierry Breton, propose d’organiser à l’automne un sommet européen du tourisme. Et pourquoi pas replacer le secteur au cœur du Green Deal européen.

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