Pourquoi un Belge sur cinq envisage de quitter son emploi?

Une étude de la société de recrutement StepStone montre que 22% des employés sont tellement déçus par la gestion de la crise de leurs entreprises qu’ils pensent à la démission. D’autres chiffres montrent aussi que deux camps se sont constitués: les pro et les anti-télétravail.

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Le constat est tellement frappant qu’il surprend même les auteurs de l’étude. En interrogeant 2.857 employés belges, la société StepStone a découvert que 22% des Belges envisagent de quitter leurs emplois et ce dès maintenant. Ils pointent un même facteur de mécontentement: la mauvaise gestion de la crise sanitaire par leurs employeurs. Cette accusation cache néanmoins une réalité complexe et les difficultés pour les entreprises de faire face à un imprévu de cette ampleur. Avec ses résultats, StepStone compte bien créer un électrochoc et donner des conseils afin que les employés soient écoutés. La question est d’autant plus importante alors que 28% des employés rencontrent des problèmes mentaux et/ou physiques pendant la crise.

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La communication, un problème pour les entreprises

Si les reproches formulés par ces 22% de Belges sont si durs, c’est essentiellement dû à l’adoption par les entreprises de stratégies de communication maladroites et contreproductives. StepStone, bien que surpris par l’ampleur de cette gronde, explique bien ce phénomène. «On a remarqué que peu d’entreprises ont communiqué, même si on peut le comprendre parce qu’il y a de l’incertitude. Un jour, il y a un gros plan de communication et le lendemain, une annonce rabat les cartes. De ce fait, certains préfèrent ne rien dire mais cela a des effets désastreux sur la motivation. Il vaut mieux être transparent, malgré les imperfections et les mauvaises nouvelles. Les employés peuvent comprendre que l’on corrige une déclaration, pas qu’on les laisse dans l’incertitude», juge Virginie Nazon, directrice marketing de StepStone.

Elle tient d’ailleurs à faire remarquer un autre fait qui l’a particulièrement frappé: 45% des sondés ne savent pas ce que l’employeur va mettre en place dans le cadre de la crise sanitaire. Pour elle, cela montre bien l’ampleur de l’incertitude des employeurs quant à ce qui doit être mis en place. «Il faut qu’ils rassurent, donnent des conseils pratiques et qu’ils soient empathiques. Cela peut se faire avec des petites réunions de travail pour trois raisons: marquer la fin de la période de confinement, prêter une oreille attentive aux difficultés des gens et travailler sur une stratégie adaptée. Ce dernier point est d’autant plus crucial qu’avec la crise, certaines entreprises vont devoir changer de cap», dit-elle.

La question du télétravail divise

Ce besoin de clarté est particulièrement important maintenant alors qu'un débat voit le jour. Le confinement a largement imposé le télétravail et les employés sont déchirés sur la question de le garder ou pas par la suite. StepStone montre ainsi que 39% des Belges ne veulent pas retourner sur le lieu de travail, contre 34% qui se réjouissent de cela (les 27% restants ne se sont pas prononcés car le télétravail leur est encore imposé).

De chaque côté, les arguments fusent. Les anti-télétravail argumentent que le départ du domicile permet une meilleure interaction humaine, un rééquilibrage entre la vie professionnelle et privée et enfin une stimulation de la dynamique de travail. Leurs opposants glorifient quant à eux une manière de travailler depuis chez soi qui leur garantit une sécurité que ne peut apporter l’employeur.

Mais selon Virginie Nazon, ce clivage est justement l’occasion de trouver un terrain d’entente: «Notre étude met véritablement en évidence l’enjeu de management pour les entreprises. Avec cette crise, elles peuvent gagner en flexibilité et le télétravail pourrait permettre d’économiser en loyer de bureaux et d’amener les employeurs à convertir le temps perdu dans les transports en énergie dans le travail. Tout le monde peut sortir gagnant de ce confinement mais ces questions devront se confronter à des facteurs culturels qui dépendent des entreprises, des secteurs voire des régions».

Si aujourd’hui 35% des employeurs n’ont pas pris de mesures spécifiques pendant la crise, un autre chiffre montre que ce débat du télétravail fait son chemin. Selon l’étude de StepStone, dans 71% des cas, l’employeur se montre ouvert à son adoption et aux conditions de travail flexibles, deux mesures qui tiennent aujourd’hui le plus à cœur aux employés aux côtés de la distanciation sociale et des tests pour le Covid-19.

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