
Pourquoi y a-t-il encore autant de décès Covid-19 en maisons de repos?

Ce vendredi midi, comme tous les jours, l'épidémiologiste Yves Coppieters était sur le plateau du journal télévisé de la RTBF pour commenter les derniers chiffres de l'épidémie. Des chiffres rassurants puisque les admissions à l'hôpital, au nombre de 32 ces dernières 24 heures, restent stables. Le professeur en Santé publique à l'ULB pointe néanmoins un élément qui est, selon lui « toujours étonnant »: le nombre de décès (29) dont 15 en maisons de repos. « Et ça, ça reste incompréhensible ».
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Contacté par nos soins, l'expert insiste: « Pourquoi ces personnes ne sont toujours pas prises en charge dans les hôpitaux? C'est un grand mystère. » « À l'échelle du pays, cela peut sembler dérisoire, mais c'est beaucoup dans le sens où avant, on ne mourrait pas du Covid-19 dans les maisons de repos. Il n'y a pas beaucoup de raisons qu'à un moment donné on ne puisse pas arriver à ce chiffre zéro », estime-t-il, avant de préciser: « Ce n'est pas pour autant que les gens ne vont pas mourir, mais je pense que c'est mieux au moins qu'on essaie de diminuer cette mortalité » en les emmenant « là où la prise en charge est meilleure », à savoir l'hôpital. Alors que 40% de ces décès n'ont pas été confirmés par un test Covid-19, Yves Coppieters plaide pour des campagnes de dépistage « systématiques » et complètes, sur les asymptomatiques compris. « Sans ça, on n'en sortira pas. »
La réaction du secteur
Pour Vincent Fredericq, président de la Fédération des maisons de repos (Femarbel), il est toutefois difficile d'atteindre ce chiffre zéro. « Des décès dans les maisons de repos, il y en a régulièrement. La question, c'est de savoir s'il y a plus de décès que d'habitude, à la même période, mais on n'a aucune statistique là-dessus. » Parmi les 15 décès en maisons de repos recensés par Sciensano ce jeudi, « sur plus de 150.000 résidents », insiste le représentant du secteur privé, neuf sont des cas confirmés et six des cas possibles. « Tous ne sont pas forcément décédés du Covid-19 », souligne-t-il, avant de pointer la question de la comorbidité et la présence d'asymptomatiques. Des informations qui ne sont pas disponibles dans les statistiques.
« La déclaration de M. Coppieters ne correspond pas à la réalité du secteur », estime Vincent Fredericq. Ne pas enregistrer de décès dans les maisons de repos « supposerait presque qu'on hospitalise obligatoirement une personne testée positive au Covid-19 dont l'état ne justifie pas cette hospitalisation », s'étonne-t-il, rappelant que la décision revient au médecin généraliste ou coordinateur. « Le personnel et les directions ont suffisamment souffert. Ils ne vont pas 's'amuser' à garder un résident dans les maisons de repos pour le plaisir de le voir mourir. »