
Le Covid-19 pourrait entraîner une hausse du travail des enfants

Alors que le nombre d’enfants contraints à travailler a diminué de 94 millions depuis 2000, la pandémie de Covid-19 menace d’inverser cette tendance. Avant la crise sanitaire, il y en avait encore 152 millions, âgés de 5 à 17 ans. Un chiffre toujours trop important, surtout si l’on considère le caractère souvent difficile de leur travail, dans les mines, l’agriculture ou les services domestiques, et qui rendait fort incertain l’objectif affiché par l’ONU d’éradiquer le phénomène d’ici à 2025.
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Ça, c’était donc avant le passage du Covid-19. Dans un rapport publié la semaine dernière, l’Organisation internationale du travail (OIT) et l’Unicef (Fond des Nations Unies pour l’Enfance) estiment que la pandémie pourrait pousser des millions d’enfants supplémentaires à devoir travailler, « ce qui pourrait conduire pour la première fois en vingt ans à une hausse du travail des enfants ». En cause ? La fermeture plus ou moins temporaire des écoles, qui a touché plus d’un milliard d’apprenants dans plus de 130 pays. Citée dans le rapport des deux organisations, une jeune du Malawi explique ainsi que « « dans [son] quartier, de nombreux parents ont profité de ces “vacances” scolaires pour envoyer leurs enfants vendre des fruits et des légumes à la ville ».
Au fur et à mesure que les familles se retrouveront obligées de recourir à tous les moyens pour survivre, le travail des enfants menacera d’augmenter, craignent l’OIT et l’Unicef. À la reprise des cours, de nombreux parents pourraient ne plus pouvoir se permettre de renvoyer leurs enfants à l’école. De même, les enfants déjà obligés de travailler pourraient se voir forcés d’y passer plus d’heures, ou d’affronter des conditions de travail dégradées.
Mécanisme d’adaptation
Dans le sillage de la pandémie, se profile déjà une crise économique majeure. Selon l’OIT, plus de 25 millions d’emplois pourraient disparaître. Avec la récession économique, la hausse du chômage et la baisse généralisée du niveau de vie, la pression va augmenter sur les épaules des enfants. À chaque hausse d’un point de pourcentage de la pauvreté pourrait conduire à une augmentation d’au moins 0,7 % du travail des enfants. « En temps de crise, le travail des enfants devient un mécanisme d’adaptation pour de nombreuses familles », a expliqué Henrietta Fore, Directrice générale de l’UNICEF lors de la publication du rapport. C’est principalement en Afrique (50% du travail des enfants dans le monde a lieu sur le continent africain), en Amérique latine ou en Asie qu’il faut redouter une hausse du travail des enfants.
Pour enrayer le phénomène, l’OIT et l’Unicef suggère de mettre en place une protection sociale plus élargie dans ces pays, d’y favoriser un accès plus facile au crédit pour les familles pauvres, d’éliminer les frais de scolarité ou encore d’accroître les moyens alloués à l’inspection du travail ou aux forces de l’ordre. « On peut changer la donne grâce à une éducation de qualité, des services de protection sociale et de meilleures opportunités économiques » a insisté Henrietta Fore.