Environnement: du Brésil à l'Arctique, le monde brûle

Sur le front du réchauffement climatique, le mois de juin a été marqué par deux tristes records, l'un en Arctique, l'autre au Brésil.

Un pompier brésilien en 2019 - BELGA IMAGE/Bruno Kelly

L'an 2020 n'a pas fini de sévir. Après les feux de brousse en Australie, la crainte d'une troisième guerre mondiale et la pandémie de coronavirus - rien que ça -, une autre crise d'une extrême gravité, éclipsée ces derniers mois, refait surface: le réchauffement climatique.

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Cercle vicieux

Direction d'abord l'Arctique russe, actuellement confrontée à une intense vague de chaleur, où des records de températures ont été enregistrés en juin. Rien que dans la ville de Verkhoïansk en Sibérie, située au-dessus du cercle arctique, le mercure est monté jusqu'à 38°C le 17 juin, soit 18°C de plus qu'en temps normal. Un événement sans précédent qui porte la marque du changement climatique. Dans cette région, l'une des plus froides au monde, les anticyclones, qui contribuent à un temps ensoleillé, sont devenus plus fréquents, et moins prévisibles qu’auparavant, a indiqué le chef de l'agence météorologique russe lors d’une conférence de presse à Moscou. En été, l'absence de nuages causé par ce phénomène réchauffe l'Arctique. L'élévation des températures y est d'ailleurs environ trois plus rapide que sur le reste de la planète, d’après les experts.

Autre conséquence désastreuse de ces températures: la Sibérie est également ravagée par les flammes, loin des caméras. Plus de sept millions d'hectares sont déjà partis en fumée, depuis le mois de mars. Les fortes chaleurs et les cendres de ces feux forment un mix destructeur pour la glace qui habituellement reflète les rayons du soleil et empêche le réchauffement des sols. Celle-ci fond à une rapidité préoccupante. Le changement climatique menace également le permafrost, sol perpétuellement gelé - en théorie -, sur lequel sont bâties de nombreuses infrastructures en Russie et qui contient du carbone ainsi qu’un autre gaz à effet de serre, le méthane, alimentant à leur tour le réchauffement climatique dans un cercle vicieux. Des dégâts ont déjà pu être observés, en mai dernier, lorsque 20.000 tonnes de diesel se sont déversées dans la nature près de la ville de Norilsk, conséquence directe de la fonte du permafrost.

La marée noire dans le nord de la Russie

© BELGA IMAGE/Vadim Kofman

La double peine de l'Amazonie

La saison des incendies est de retour aussi au Brésil, où le nombre d'incendies de forêt en Amazonie a augmenté de 19,5% en juin par rapport au même mois de l'année dernière, avec 2.248 foyers recensés. Le pire total depuis treize ans. Ces chiffres confirment les craintes des analystes, qui tablent sur une année encore plus dévastatrice que 2019, quand la recrudescence des incendies avait choqué le monde entier.

Les feux qui ravagent chaque année le fameux « poumon vert de la planète » sont, pour la plupart, criminels. Directement liés à la déforestation, ils sont souvent causés par des agriculteurs qui pratiquent le brûlis sur les zones déboisées pour pouvoir cultiver ou faire paître le bétail. Cette technique est simple, peu coûteuse et ancestrale, mais elle est également utilisée de manière déraisonnable.

Une zone déboisée au Brésil

© BELGA IMAGE/Bruno Kelly

Au-delà de la catastrophe écologique, l'augmentation de ces incendies pourrait cette année aggraver la situation sanitaire, causant encore plus de troubles respiratoires chez une population déjà touchée de plein fouet par le Covid-19. Créant ainsi un autre cercle vicieux. Plus la région est touchée par la pandémie, moins les autorités environnementales disposent de moyens et de personnel pour lutter contre les incendies. Et plus la forêt s’embrase, plus la crise sanitaire risque d’empirer. L'été ne fait que commencer: le pire est attendu pour le mois d'août.

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