À quoi ressemblerait un reconfinement en Belgique?

Plusieurs États ont placé à nouveau certaines zones en lockdown après des résurgences de Covid-19. Autant d’exemples à suivre pour les autorités belges si la même chose arrivait dans le plat pays.

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Ces derniers jours, la Belgique peut s’estimer chanceuse. Les cas de coronavirus continuent de baisser et le pays semble avoir passé la tempête de la crise sanitaire. D’autres États européens sont quant à eux un peu plus malmenés. L’Allemagne a par exemple dû reconfiner deux cantons en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Pareil à Leicester en Angleterre ou encore dans certains quartiers de Lisbonne. Hier, la région de Lérida, en Catalogne, s’est ajoutée à cette liste.

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Les Belges peuvent croiser les doigts pour ne pas devoir subir la même chose mais il n’est pas impossible qu’ils restent épargnés. L’avenir le dira mais, en attendant, que se passerait-il si la Belgique devait faire face à cette situation?

Une base de travail

Pour savoir si un foyer de contamination présente un danger nécessitant un reconfinement, Sciensano a établi des «seuils d’alerte» valant pour toutes les communes du pays. Pour l’instant, ils sont au nombre de trois, même s’ils sont susceptibles d’évoluer. Selon Sciensano, la situation devient véritablement inquiétante si on constate une incidence cumulative de 20 cas de coronavirus pour 100.000 habitants, s’il y a une comptabilisation de nouveaux cas pendant au moins 5 jours, et s’il y a un nombre croissant de nouveaux cas pendant 4 des 7 derniers jours.

Dans l’hypothèse où ces seuils seraient atteints, les autorités sanitaires seraient immédiatement informées pour juger de la réponse à apporter. Mais cela ne veut pas dire qu’il y aurait fatalement un reconfinement dans la localité concernée. «Dans une petite commune, quelques nouvelles infections peuvent par exemple avoir pour conséquence un dépassement des seuils, alors qu’il ne s’agit en réalité que de cas isolés», rappelle Sciensano.

Une certitude et beaucoup d’inconnues

Le plus important pour décider ou pas d’un reconfinement est de toute évidence la capacité ou pas de contrôler l’épidémie. C’est un critère essentiel qui a d’ailleurs joué dans le cas de Lérida hier, comme le rappelle El País. Il n’a pas été question en Espagne de déterminer un nombre critique de cas à partir duquel une telle mesure s’imposerait. «À ma connaissance, il en est de même en Belgique», déclare Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral et infectiologue au CHU Saint Pierre. «Ce serait autre chose de ne pas pouvoir maîtriser la maladie. Par contre, impossible de dire à l’avance si un reconfinement concernerait une ou plusieurs localités».

L’ampleur géographique d’un reconfinement en Belgique n’est pas la seule inconnue à persister. Pour l’instant, il n’existe toujours pas de plan qui édicterait les mesures qui seraient appliquées dans un tel cas. Est-ce que cela serait plus ou moins strict? Impossible de le dire. Yves Van Laethem espère que ce plan finira par paraître courant du mois de juillet et pour l’instant, il est amené à faire des hypothèses. «On pourrait imaginer des mesures progressives. Par exemple, il serait possible d’établir des règles sévères dans les communes touchées, comme avec la fermeture d’établissements dont les cinémas, et d’avoir quelques restrictions moins contraignantes dans le voisinage, par exemple en baissant le nombre de personnes autorisées à se rassembler. Je ne pense pas que l’on devrait avoir une sorte de frontière où tout serait parfait en-dehors des zones concernées», dit-il.

Prévenir pour mieux guérir?

D’ici à ce qu’une reprise de l’épidémie menace la Belgique, d’autres outils pourraient aussi améliorer la réactivité des autorités pour éviter de devoir reconfiner. Le New York Times a ainsi relayé ce 2 juillet la création d’un algorithme pouvant prédire le développement du Covid-19 dans une région et ce jusqu’à 14 jours à l’avance. Pour cela, il utilise des données diverses issues de Google, Twitter ou encore les données médicales américaines. L’algorithme a ainsi prévu l’augmentation des cas de coronavirus à New York avec une semaine d’avance. Selon lui, le Nebraska et le New Hampshire devraient être prochainement touchés si des mesures de confinement ne sont pas prises. Les prochains jours permettront de juger de son efficacité.

Yves Van Laethem reste cependant sceptique vis-à-vis de ceux qui voudraient utiliser la détection du coronavirus dans les eaux usées pour prévoir un retour de l’épidémie. «Les résultats de ce genre d’études ont le défaut d’être trop globaux. Il serait difficile d’identifier les zones à risque rien qu’en regardant dans les égouts. Cette méthode serait intéressante si un virus tout à fait nouveau apparaissait. C’est comme cela qu’Israël a pu réagir au virus de la polio par exemple. Mais avec le coronavirus, on sait qu’il sera là d’une façon ou d’une autre donc la situation est tout à fait différente».

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