
1 piscine sur 5 ne rouvre pas : « des gouffres financiers »

Ce 1er juillet marquait une nouvelle étape du déconfinement à la belge. Parmi les nouveautés attendues, les piscines peuvent rouvrir leurs portes à tous les nageurs. Bonne nouvelle pour les mordus de natation et ceux qui avaient envie de se baigner pendant les fortes chaleurs.
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Mais ce lundi, moins d’une semaine après, Serge Mathonet, directeur de l’Association des Etablissements Sportifs, explique que 22% des piscines de la Fédération Wallonie-Bruxelles ne rouvriront pas cet été. Une sur cinq donc.
Pour le premier tiers de ces 22%, la raison est simplement des travaux. Parfois des rénovations complètes de grande envergure, mais aussi pour d’autres, à cause du Covid-19. Comme à Evere, une des quelques piscines bruxelloises qui ne rouvrent pas en juillet. « On avait prévu des travaux pour le début d’année, qui devaient se finir fin avril », explique le bourgmestre Ridouane Chahid. « Avec le confinement, ils ont été mis en pause et ont repris en déconfinement. Ils devraient se terminer le 15 août, et on en a laissé 15 jours de plus de marge de manœuvre. On rouvrira en septembre. »
Mais pour les autres, il s’agit d’un choix pratique. D’après les données récoltées par l’AES, les raisons avancées sont de deux ordres.
Le premier est organisationnel. « Le protocole de réouverture, sur lequel nous avons travaillé avec l’administration et la ministre des Sports Valérie Glatigny, n’est pas facile à respecter », avoue Serge Mathonet. « Parmi les recommandations, ce sont les douches qui posent le plus problème. Il est conseillé d’en condamner une sur deux, car elles sont très aérosolisantes. »
Il est aussi conseillé d’organiser des flux afin que les personnes ne se croisent pas, ce qui n’est pas possible partout, et évidemment de nettoyer très fréquemment les cabines et vestiaires. « Cela fait des frais supplémentaires en personnel, en matériel, alors qu’avec moins de nageurs autorisés, les rentrées sont moindre. »
« Des outils déficitaires »
Ce qui nous amène à la deuxième raison de ne pas rouvrir, la plus importante : les piscines sont des gouffres financiers. « Ce sont des outils déficitaires », souligne le directeur de l’AES. « Une piscine communale classique, 25m², c’est environ 300.000€ de déficit annuel. En rouvrant par ces conditions, on creuse sans doute ce déficit. Et si une commune veut gérer ses finances « en bon père de famille », on peut comprendre qu’elle ne rouvre pas. »
C’est le cas à Andenne par exemple, où la commune ne compte pas rouvrir la piscine tant que les conditions ne sont pas assouplies.
« Premièrement, nous ne pouvons pas appliquer le protocole tel qu’il est actuellement », tient à préciser Vincent Sampaoli, échevin des Sports. « Par exemple, il faut qu’entrée et sorties soient séparées, ce qui n’est pas le cas. Ensuite, nous pourrions accueillir 100 nageurs mais nous n’avons que 25 cabines individuelles… »
Mais la raison principale est économique. « Une piscine, c’est un déficit structurel. La nôtre, c’est 350.000€ chaque année. Si on veut suivre les recommandations, on doit tripler le personnel d’entretien, doubler les maitres-nageurs, c’est financièrement impossible sans agrandir ce gouffre financier. »
Il regrette d’ailleurs qu’alors que plusieurs communes profitent généralement d’une piscine, seule celle qui l’accueille « doit supporter les coûts financiers, qu’ils soient habituels ou comme dans ce cas, supplémentaires ».
Du côté de l’Association des Etablissements Sportifs, on aimerait également des conditions de réouvertures assouplies, pour septembre idéalement. « On espère que la crise sanitaire évoluera assez bien pour pouvoir accueillir à nouveau le public scolaire. »