
Bilan du Covid-19 : « Nous ne devons pas nous endormir », préviennent des experts

Du 3 au 9 juillet, il y a eu en moyenne 90,3 nouveaux cas par jour, contre 88 la semaine précédente, selon les derniers chiffres communiqués par l’Institut scientifique de santé publique (Sciensano). Soit une augmentation de 2%, principalement localisée dans la province d’Anvers, à Bruxelles et dans le sud de la Flandre occidentale. Une évolution qui a fait réagir Marc Van Ranst. Sur Twitter, le virologue a noté : « La moyenne hebdomadaire a augmenté progressivement pour atteindre 90 nouveaux cas journaliers de Covid-19. Ces derniers jours, le nombre de nouveaux cas rapportés quotidiennement est monté à 130. Nous ne devons pas nous endormir car nous allons dans la mauvaise direction. Plus d’attention est désespérément nécessaire ! »
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De son côté Yves Coppieters, professeur de santé publique à l’ULB, tient à rassurer, tout en concédant que la situation doit être suivie de très près. « À ce stade, il n’y a aucune raison de s’inquiéter parce que les augmentations observées restent très faibles, ce sont de petites fluctuations. Mais d’un autre côté, le fait de voir systématiquement de petites hausses des cas - même si en nombre absolu ces hausses ne représente pas grand-chose - reste quand même le signe, potentiellement, de la bonne circulation du virus ».
Ne pas perdre le « fil »
Pour Yves Coppieters, il importe à ce stade de l’épidémie de détecter au mieux les fameux « clusters », ces foyers locaux de transmission du virus. « En plus de cela, avec la réouverture des frontières, il va maintenant falloir beaucoup travailler sur la recherche des cas importés, suite au retour des vacanciers ou à l’arrivée des touristes sur le territoire ». Il va donc falloir redoubler d’attention pour ne pas « perdre le fil des chaines de transmission ». En effet, « si on détecte un seul foyer, il n’y a pas de soucis pour le circonscrire, explique le spécialiste. Mais si un foyer ‘s’échappe’ et que la transmission augmente de façon insidieuse dans la population, là ça va devenir beaucoup plus compliqué, on sera alors dans un vrai rebond. C’est ça qu’on veut absolument éviter ».
De la capacité de la Belgique à dépister le virus et à identifier les clusters dépendra donc l’ampleur d’un éventuel rebond de l’épidémie. « Mais cela ne sera pas une seconde vague. Depuis mars, nous avons progressé. Nous avons acquis une immunité collective partielle. Et puis surtout, on a les tests, les gestes barrières, etc. »
Des dépistages réguliers dans les maisons de repos
Autre point important, pour Yves Coppieters : « Il ne faut surtout pas oublier les maisons de repos ». Avec 4.872 décès sur les 9.782 que le coronavirus a causé en Belgique (selon les derniers chiffres de Sciensano), les maisons de repos ont en effet payé un très lourd tribut face à l’épidémie. « Or, 20% des nouveaux cas sur les derniers jours viennent de là, rappelle le professeur. Selon les données collectées, 75% des personnes positives étaient asymptomatiques. C’est forcément encore le cas. C’est donc capital de pouvoir isoler les patients contaminés dans les maisons de repos. Y avoir fait une campagne de dépistage massif (fin avril et en mai - NDLR) c’est très bien. Mais il faut absolument que cela soit fait de manière régulière, cyclique, c’est-à-dire tous les mois, ou tous les mois et demi si les ressources viennent à manquer… Cela doit être fait de manière systématique, jusqu’à ce que le virus disparaisse. Il faut aussi faire une campagne massive de tests sérologiques- qui mesurent la présence d’anticorps dans le sang -pour savoir quels résidents ont rencontré le virus, ont fait « leur » maladie et sont alors protégés pendant un temps au moins. Ça pourrait aider ces résidents-là à reprendre une vie normale, à recevoir plus facilement de la visite, etc. »