
Le rêve des touristes est aussi le cauchemar du secteur

Se retrouver seul devant la Fontaine de Trevi à la tombée de la nuit... Une dizaine de personnes à peine qui se promènent autour du Duomo à Florence, guère plus sur la place San Marco de Venise. Cela ressemble à La Dolce Vita. Mais il s'agit bien d'un rêve éveillé. Celui de l'été 2020.
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Ce rêve pour tous les touristes du monde cache pourtant une réalité bien moins rose. Déjà les plus durement touchés par l'épidémie de coronavirus en début d'année, les pays du sud de l'Europe misaient sur un été touristique pour se relancer. Ce ne sera pas pour cette année. Certes, les frontières sont ouvertes, certes, quelques touristes profitent de l'occasion, mais il en faudra bien plus pour relever un secteur déjà mis à terre par un printemps inexistant.
En Espagne et en Italie, le secteur du tourisme représente 13% du PIB national. En Grèce, il représente 25% et était ces dernières années le moteur d'une relance après dix ans d'austérité. Dès les premiers jours de juin (et donc, de déconfinement), l'Italie et la Grèce ouvraient leurs frontières et accueillaient les touristes. Car il y a urgence. De leur côté, les autorités publiques doivent jongler entre la sécurité sanitaire et le besoin économique.
Grèce, après dix ans d'austérité
Le mot d'ordre est là : « Venez ! Le pays est sûr ! ». C'était particulièrement le cas en Grèce qui a échappé à une première vague dévastatrice. A peine plus de 200 morts pour 10,8 millions d'habitants (comparés aux 9833 décès recensés chez nous). Le pays misait sur un été comme les autres, ou presque. Il en a grand besoin, lui qui se relève à peine de la crise économique de 2010-2011. Mais cet été, 50% des hôtels grecs n'ont pas ouverts, faute de réservation. A peine 5% des chambres disponibles sont occupées à Athènes. Une misère...
L'Italie sans touristes étrangers
En Italie, le problème vient du forfait des touristes étranger. Leur nombre a diminué de... 93% par rapport à l'an dernier. Les Italiens restent entre Italiens, donc, ce qui fait que les places mythiques des villes éternelles sont quasiment vides... Un bonheur pour la vue, une horreur pour l'économie. La Federalberghi, l’association nationale de l’hôtellerie, parle déjà d'une baisse du chiffre d'affaires de l'hôtellerie de 70% par rapport à 2019 et de 110.000 emplois perdus rien que pour juillet.
L'Espagne face à la deuxième vague
Quant à l'Espagne, pays le plus touché d'Europe, elle fait aujourd'hui face à une recrudescence inquiétante de l'épidémie (particulièrement en Catalogne). Plusieurs Etats européens, dont la Belgique, ont déconseillé de s'y rendre cet été tandis que le Royaume-Uni impose une quarantaine pour les personnes qui en reviennent. Résultat, un risque de pertes de 8,7 milliards d'euros pour le secteur en août et septembre.
La France en « vigilance permanente »
La situation est telle qu'en France (où le tourisme représente 8% du PIB et 2 millions d'emplois et Paris, la ville la plus visitée du monde, vient d'être mise en zone orange par la Belgique), « on estime à plus de 20 % les établissements qui pourraient être en situation de quasi-faillite d’ici à la fin de l’année, si la situation économique perdure », a indiqué à l'AFP le président du Groupement national des chaînes hôtelières (GNC). Le gouvernement, qui a déjà mis 9 milliards sur la table pour sauver le secteur, reste en « vigilance permanente » pour le maintenir à flot. En vérité, c'est à cela qu'une bonne partie des 750 milliards de dette européenne levée à 27 va servir ces prochaines années...