
Covid-19: Le test salivaire, l'alternative prometteuse au test PCR?

C'est la même chanson depuis le début de la crise: notre stratégie de dépistage est insuffisante. Pour l'instant, les tests sont effectués essentiellement sur base volontaire, que ce soit en cas de symptômes mineurs ou au retour d'une zone à risque. Problème: la technique de prélèvement actuelle, qui suppose d'enfoncer une sorte de grand coton-tige dans les narines, risque d'en dissuader plus d'un. Et les délais pour obtenir un rendez-vous et les résultats sont souvent trop longs.
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Une alternative séduisante est cependant en train d’émerger: le test salivaire. Moins invasive et plus rapide, cette méthode de prélèvement est si simple qu'elle pourrait se faire depuis chez soi, notamment grâce au kit de dépistage mis au point par l'Université de Liège.
En pratique
À première vue, la trouvaille liégeoise n'a rien de bien sorcier: il suffirait de déposer de la salive dans un tube en plastique, via un entonnoir, avant de fermer le bouchon. Et le tour est joué? Ce kit présente un élément innovant qui risque de soulager le personnel de laboratoires surchargé. « Il va permettre à la personne d'effectuer elle-même la première étape de l'analyse qui se fait d'habitude en laboratoire: l'inactivation du virus », explique à la RTBF le vice-recteur à la recherche à l'ULiège Fabrice Bureau. Concrètement, en vissant le bouchon pour sceller le tube, vous libérez un produit qui tue le virus. Les laboratoires pourront ainsi directement les ouvrir et les analyser, sans passer par cette étape longue et fastidieuse, effectuée dans un cadre sous haute sécurité.
Le kit mis au point par l'Université de Liège. © BELGA
Moins cher, mais moins fiable
Outre le gain de temps et de personnel, le test salivaire de l'ULiège présente un autre avantage non-négligeable: son prix, 12 euros, soit quatre fois moins cher qu’un test PCR classique. L'université compte débuter la production à la mi-août. Objectif: environ deux millions et demi de tests par mois, précise la RTBF. Reste à savoir s'il sera remboursé par l'Inami.
Seul inconvénient: il est moins efficace. Les échantillons salivaires sont en effet un peu moins riches en matériel viral que ceux obtenus avec les prélèvements nasopharyngés traditionnels. Mais l'important ici, selon Fabrice Bureau, c'est d'analyser un maximum de personnes et de déceler les personnes très contagieuses.
C'est en tout cas ce pour quoi plaident de nombreux experts depuis plusieurs semaines: élargir la politique de testing, notamment aux personnes asymptomatiques. Sans ce test salivaire, ces porteurs sains - pas pour autant moins contagieux - passeraient sans doute leur tour.
Yves Coppieters insistait récemment sur la nécessité d'intégrer le développement de tests de diagnostic rapide dans le plan stratégique du fédéral en cas de deuxième vague. Outre-Atlantique, ce sont des chercheurs d'Harvard qui militent également pour plus de « mauvais » tests, rapides et pas chers. Cette stratégie serait, d'après eux, plus efficace en termes de santé publique puisque le nombre de cas identifiés serait plus grand.