
L'Italie menace d'interdire les vols Ryanair

Durement touchée par l'épidémie de coronavirus, l'Italie a besoin du tourisme pour se relever financièrement. Mais ce ne sera pas à n'importe quel prix. Depuis mars et la première vague dévastatrice pour la péninsule, les autorités sont vigilantes à ne pas devoir faire face à une reprise de l'épidémie. C'est ainsi que l'Italie a émis des règles très claires pour les compagnies aériennes amenant des touristes sur le sol italien. Aujourd'hui, les autorités en charge de l'aviation civile accusent Ryanair de « violations répétées des mesures de santé anti-Covid établies par le gouvernement italien afin de protéger les passagers ».
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Concrètement, Ryanair ne respecterait pas la distance de un mètre entre chaque passager (d'autres mesures incluent le port du masque et une procédure d'embarquement sans contact pour éviter les rassemblements aux portes d'embarquement). L'Italie pourrait empêcher les avions Ryanair d'atterrir sur son sol ou, au moins, demander à la compagnie de réduire de 50% le nombre de ses passagers. Ryanair avait déjà été pointée du doigt par les autorités sanitaires allemandes pour avoir tardé à leur envoyer une liste de passagers incluant des personnes testées positives.
Partisan d'une ligne néo-libérale orthodoxe, la patron de Ryanair Michael O'Leary a déjà dit tout ce qu'il pensait de ces mesures sanitaires, considérant par exemple les suggestions de laisser les sièges du milieu vides de « stupides » et les décisions politiques de mise en quarantaine de passagers en provenance de certains pays en zones rouges et oranges de « conneries ». Ryanair a réagi aux dénonciations italiennes en assurant que celles-ci étaient « factuellement incorrectes ».
Le secteur aéronautique dans le rouge
Si les menaces italiennes venaient à être exécutées, cela s'apparenterait à une catastrophe pour la compagnie aérienne qui sert 29 aéroports dans le pays. Or, Ryanair a déjà annoncé une perte de chiffre d'affaires de 70% sur les sept premiers mois de l'année par rapport à 2019, ce qui a mené au licenciement de 3.000 personnes. Proposant en moyenne deux vols pour cinq habituellement, elle cherche à augmenter son volume pour retrouver le rythme de croisière de l'an dernier. Le nombre de passagers a diminué de 35% sur les sept premiers mois par rapport à l'an dernier.
La reprise est difficile pour toutes les compagnies aériennes. Virgin Atlantic a annoncé sa mise en faillite. Quant à Brussels Airlines, elle accuse une perte de 182 millions d'euros pour le premier semestre, soit une baisse de 64% par rapport à 2019. La compagnie belge, qui a transporté 67% de passagers en moins entre janvier et juin, a résumé la situation ainsi : « Le coronavirus, qui a paralysé l'aviation mondiale en seulement quelques semaines, a eu un impact dramatique sur les résultats financiers de Brussels Airlines au cours du premier semestre 2020 ». Ce qui s'est traduit par le licenciement de 370 personnes, dont 310 en Belgique...
Bref, le secteur (compagnies et aéroports), mis à l'arrêt forcé de mi-mars à mi-juin, est en grande difficulté. De nombreux emplois, mais aussi des compagnies aériennes, risquent de tomber dans les mois qui viennent.