
Hausse des contaminations au Covid-19: quelles mesures supplémentaires pour Bruxelles?

Pour tous les Bruxellois, le chiffre a des allures d’avertissement. Si une moyenne journalière de 50 cas de Covid-19 par 100.000 habitants est enregistrée sur une période de sept jours, le masque deviendra obligatoire dans tous les espaces publics et espaces privés accessibles au public. Un choix «symbolique», avoue Rudi Vervoort qui en a fait l’annonce ce jeudi.
La lecture de votre article continue ci-dessous
Pour le reste, les habitants de la capitale n’ont cependant pas vraiment d’autres menaces qui pèsent sur leurs épaules, si ce ne sont les statistiques. Ainsi, il y a pour l’instant une augmentation soutenue de 150% des cas par semaine à Bruxelles. Face à cette poussée, il y a de quoi se demander ce que les autorités bruxelloises pourraient décider pour éviter un scénario à l’anversoise.
Une augmentation probable
Tout d’abord, il ne faut pas s’étonner que Bruxelles soit la cible d’une reprise des contaminations. Depuis des jours, les épidémiologistes prédisent ce retour probable. Ainsi Yves Coppieters estimait que, de toute évidence, plusieurs villes belges allaient suivre une évolution comparable à celle d’Anvers. Frédérique Jacobs, porte-parole interfédérale pour le Covid-19, ne dit pas autre chose: «Pour l’instant, on tend vers ce seuil de 50 cas pour 100.000 habitants, même si on ne sait pas ce qu’il en sera dans une semaine. C’est assez logique puisque ce sont des zones peuplées avec des contacts fréquents. Mais si les mesures actuelles s’avèrent insuffisantes, il sera normal de devoir les durcir».
Alors durcir oui, mais comment? C’est une question à laquelle il est à la fois facile et compliqué de répondre. En résumé, tout dépend de la façon dont le coronavirus se répandra au sein de la région bruxelloise. Si l’augmentation des cas tient plus des retours des vacanciers ou des repas de famille, la réaction à adopter doit être différente. Des données existent à ce sujet mais leurs détails sont uniquement à la disposition des autorités, pour qu’elles puissent déterminer en toute indépendance les mesures à choisir.
Des actions ciblées
Difficile donc de déterminer ce que les communes et la région décideront exactement. Malgré tout, des indices donnent quelques indications. «Ce que l’on sait, c’est que la grosse partie des cas constatés est liée à des rassemblements, que ce soit dans des bars, pour des fêtes, des anniversaires, des dancings, etc. Ce n’est pas tellement dû à des contacts dans la rue ou au supermarché. Il faudra donc voir si le gouvernement jugera que le masque suffira ou pas. Mais il ne faut pas écarter la possibilité d’un couvre-feu tel qu’imposé à Anvers, vu que c’est à ces heures tardives que l’on constate toute une série de rassemblements», précise Frédérique Jacobs.
Autre élément d’information: le nombre de cas par commune. Ceux-ci sont bien plus nombreux dans des zones comme Saint-Gilles et Saint-Josse qu’à Watermael-Boitsfort ou Woluwe. «On remarque que les quartiers avec un niveau socio-économique plus bas sont plus concernés, ce qui est logique. Il est plus facile de s’isoler dans une grande maison avec trois hectares de jardin que dans un appartement de 50 m² avec la chaleur qu’il fait ces jours-ci. Quand il y a un manque d’espace et que le télétravail est plus difficile, les gens sortent et se rassemblent, d’où les contaminations. Je pense qu’il faudrait une information plus ciblée pour que la population trouve des solutions afin d’éviter la propagation de la maladie. Il est plus facile de répondre au problème lorsqu’on sait où il se trouve, tout en ne mettant pas toute la ville sur le même pied d’égalité», estime la porte-parole interfédérale.
Sortez vos tests!
Autrement dit, selon Frédérique Jacobs, il faut s’attendre à des mesures ciblées plutôt que générales. Quand il est possible d’identifier des clusters et de pister la propagation de la maladie, il est encore possible d’avoir des réactions limitées. «Certains bourgmestres ont fermé des bars dans cette perspective puisqu’ils ont pu repérer que c’était là que les gens se contaminaient. Ce n’est qu’à un niveau élevé de contagion que ces attitudes ciblées ne sont plus possibles».
Enfin, il faut s’attendre à ce que l’augmentation constatée de cas au sein de la capitale ait une autre conséquence: la réouverture des centres de tests. Pour l’instant, ceux-ci commencent à peine à rouvrir après avoir été fermés à la fin de la première vague de Covid-19. «Vu l’évolution actuelle, on devrait logiquement avoir une réactivation similaire à celle déjà constatée en Flandre avec un petit décalage par rapport au retour de la maladie. Dès que le temps d’attente des personnes se rendant dans les centres de dépistage devient trop élevé, on en réactive d’autres».