
Et l'immunité collective, dans tout ça ?

Un bref moment considéré comme une solution possible à la pandémie, il n'est plus question aujourd'hui de l'immunité collective pour mettre fin au Covid-19. Trop long à atteindre, trop risqué, surtout. Pourtant, la deuxième vague touche surtout les 19-39 ans, plus disposés à créer des anticorps sans même s'en rendre compte. Le salut peut-il venir d'une immunité collective ?
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Le pour
Parmi le peu de bonnes nouvelles liées au coronavirus, en voici une : plusieurs études stipulent qu'on ne peut pas être infecté une deuxième fois par le coronavirus. Cela signifie donc que la route est plus directe pour atteindre l'immunité collective, mais aussi qu'il sera plus aisé de trouver un vaccin. Le bout du tunnel ?
On n'en est malheureusement pas encore là. Parce que, déjà, ces études n'en sont qu'à leurs résultats préliminaires et doivent passer plusieurs tests de pairs. Ensuite parce que les scientifiques, tout experts et empiristes soient-ils, sont rarement d'accord entre eux ! Néanmoins, les premiers résultats sont encourageants.
Il y a d'abord une étude de l'Université de Washington qui s'est penchée sur l' « American Dynasty », un bateau de pêche qui a quitté Seattle avec 122 membres de l'équipage, tous testés négatifs avant de partir et dont trois membres avaient développé des anticorps. Sauf que le virus s'est tout de même propagé sur le pont. Et après 18 jours en pleine mer, 103 personnes se sont révélées positives. Mais pas les trois membres infectés préalablement.
Cette étude vient confirmer plusieurs études faites sur des singes. Eux non plus n'ont pas été réinfectés. Problème, si ces résultats sont encourageants, ils doivent être confirmés sur un plus grand nombre de personnes et être acceptés par les pairs experts. Mais si il se confirme qu'on ne peut être infecté une deuxième fois, cela ralentirait fortement la circulation du virus.
Oui, mais pour combien de temps ?
Reste une autre inconnue : combien de temps dure cette immunité ? Là aussi, les experts ne sont pas d'accord, les études se contredisent. A l' Université d'Anvers comme en Angleterre, on a découvert que les anticorps disparaissaient du sang après trois ou quatre semaines. Mais cela veut-il dire que la protection s'échappe avec ? Pas sûr...
Des études américaines (Université d'Arizona) montrent que les anticorps restent plusieurs mois après l'infection. De plus, c'était déjà la même chose avec le SRAS en 2002-2003. On pensait à une immunité très temporaire car les anticorps disparaissaient rapidement. Et en fin de compte, on s'est rendu compte que celle-ci durait de 12 à 17 ans. Les anticorps seraient beaucoup plus solides que ce qu'on avait préalablement dit. Car si le coronavirus n'a pas révélé tous ses mauvais tours, notre système immunitaire est plus complexe qu'il n'y paraît et n'a lui non plus pas révélé tous ses secrets.
Le contre
Les espoirs sont de mise, donc. Mais l'OMS préfère les doucher ! Selon l'organisation, qui parle pour le monde, « nous sommes loin d'avoir l'immunité collective nécessaire ». A savoir, 50 ou 70% de la population déjà infectée, selon les estimations (et les points de vue...). Au niveau mondial, les recherches indiquent que nous ne sommes qu'à 10% d'immunisés.
Selon Mike Ryan, directeur exécutif du programme d'urgence sanitaire de l'OMS, « nous devons nous concentrer sur ce que nous pouvons faire maintenant pour stopper la transmission du virus et ne pas vivre dans l'espoir que l'immunité collective soit notre salut ». Il ajoute, histoire de bien se faire comprendre, que l'immunité collective « n'est pas une solution à la pandémie ». Voilà qui est dit.