Qui sort vainqueur de la crise ? Les Big tech et Big pharma

Alors que les secteurs de l'horeca ou de la culture sombrent de jour en jour, la crise du coronavirus a profité à d'autres.

Belga

Big tech

On le sait, tout est devenu virtuel. Visioconférence, cours à distance, commerce en ligne... Les grands vainqueurs de la crise sont les entreprises tech et parmi elles, les plus grosses, les GAFAM. Mercredi, Apple annonçait qu'elle valait désormais 2.000 milliards de dollars en Bourse, doublant ainsi sa valeur en... deux ans. Une multiplication de 60% depuis le début de l'année. La marque à la pomme a beau avoir dû fermer ses magasins partout dans le monde durant le confinement, il ne faut pas s'inquiéter pour elle. Et pour ses pairs non plus.

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Tesla a multiplié sa valeur par cinq depuis la crise, tirée par la chute du pétrole et faisant d'Elon Musk le quatrième homme le plus riche de la planète avec un portefeuille de 90 milliards de dollars, certes derrière Bill Gates, Mark Zuckerberg et surtout Jeff Bezos, PDG d'Amazon, l'homme qui valait 195 milliards de dollars (quand son entreprise en vaut 1.650 milliards...). Bref, tout va bien dans le monde virtuel de la Silicon Valley jusqu'à Seattle.

Cette euphorie boursière signifie concrètement qu'Apple, Amazon & co deviennent les valeurs refuge, celles dans lequel on peut avoir confiance pour garder notre argent au chaud – et pourquoi pas le multiplier. Le monde de demain sera fait d'e-commerce (Facebook s'est récemment lancé dans le jeu), de smartphones, d'applications de payement, de traçage, de tout ce que vous voulez. Alors que l'économie réelle américaine s'écroule, que le chômage et la précarité explosent, la Bourse, elle, va bien, tirée par les Big Tech.

Big pharma

L'autre secteur qui a vu sa cote remontée est l'industrie pharmaceutique. Alors que le monde entier est dans l'expectative du vaccin qui la sauvera, big pharma sort de sa torpeur rentière et semble soudain s'y intéresser. « C'est la coupe du monde de virologie », avait ainsi déclaré Marc Van Ranst. Les géants pharmaceutiques sont en pleine compétition afin d'être les premiers à commercialiser un sérum. Or, cela ne les a pas toujours intéressé...

Du temps des précédentes épidémies de coronavirus (le SRAS en 2003 et le MERS en 2012), il était plus rentable d'investir dans une nouvelle crème de jour qu'un vaccin. Car c'est ainsi que fonctionnent l'industrie pharmaceutique depuis plusieurs décennies, comme le note une étude de l'ONG Somo parue en début d'année : en sociétés d'investissements plutôt qu'en producteurs de médicaments. Les recherches, d'ailleurs, sont surtout faites en université avec de l'argent public. Les Big pharma se contentant bien souvent d'acheter et de commercialiser tel ou tel produit.

Big pharma - Belga

Mais voilà que cette nouvelle pandémie offre une opportunité commerciale sans précédent pour les géants du secteur que sont Johnson & Johnson, GSK, Sanofi ou Novartis. Ces derniers multiplient les annonces, histoire de faire grimper leur cote en Bourse et chacune se met à la recherche d'un vaccin dans le but de doubler ses concurrents.

Le graal de l’industrie pharmaceutique est le brevet qui donne aux firmes le droit de monopole sur les nouveaux médicaments pendant plusieurs années. Ce qui fait d'elle des rentières. Ainsi, après l'annonce de l'OMS que le Remdesivir était « prometteur », la société américaine Gilead Sciences s'est empressé d'enregistrer le médicament comme « médicament orphelin » afin d'obtenir un droit de monopole de sept ans sur ce traitement... Et d'en choisir le prix. La société a dû faire marche arrière devant la pression de l'opinion publique quant au prix faramineux demandé, mais tel est bien le business model de l'industrie pharmaceutique.

La recherche d'un vaccin au coronavirus leur fera-t-elle changer de direction pour revenir à leurs fondamentaux ? Car si les valeurs boursières de ces sociétés profitent du Covid, c'est bien la découverte d'un vaccin pour soigner les gens qui rendra ces valeurs financières bien réelles et durables. Et, accessoirement, sauvera le monde...

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