L’obligation du port du masque à un tournant

Ce jeudi, plusieurs décisions locales ont été prises concernant les masques. Des signes qui présagent des changements importants quant à l’impératif de les porter.

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Le masque est mort, vive le masque! C’est comme cela que l’on pourrait résumer l’état d’esprit hier en province d’Anvers. Depuis ce 27 août en effet, il n’est plus obligatoire d’y porter cet accessoire sur son visage, de quoi soulager les personnes gênées par cette règle. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, il a été décidé de faire de même sur les digues de la côte belge à partir du 1er septembre. Ailleurs, si le port du masque reste nécessaire, ces modifications montrent que la Belgique commence à opérer sa mue sur le sujet et ce mouvement est appelé à continuer si certaines conditions sont remplies.

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Des décisions justifiées

Si l’obligation du port du masque est tombée à Anvers, c’est pour une raison purement statistique. Un temps centre épidémique belge par excellence, la métropole flamande a réussi à inverser la courbe du Covid-19. Comparé au pic de 11,32 cas quotidiens pour 100.000 habitants le 1er août, la province d’Anvers n’en compte plus que 5,59 le 24 août.

Quant aux zones qui sont passées au-dessus des 5 cas quotidiens par 100.000 habitants, voilà l'évolution de la situation sur le mois écoulé. pic.twitter.com/wAbuIk2mjW

— Xavier Counasse (@XaCoun) August 28, 2020

À la côte, la date du 1er septembre symbolise la fin de la haute saison estivale. Et qui dit fin des congés dit moins de monde à la plage, donc moins de contact, une distanciation sociale plus facile à respecter et moins de risque de dérapages comme lors de la bagarre de Blankenberge. De plus, s’il y a bien un endroit ventilé, ce sont évidemment les digues. Il était dès lors beaucoup moins important de continuer à y imposer le port du masque.

La rentrée, un cap important

Et tout cela n’est probablement que le début. Ces décisions ne seraient que les prémices d’un nouveau mouvement: une modification globale de l’obligation du port du masque dans l’espace public, notamment en rue. C’est en tout cas ce que prévoit Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral pour le Covid-19. Mais attention, il y a des conditions! D’abord, à l’instar d’Anvers, on peut imaginer que la règle saute aussi à Bruxelles lorsque l’épidémie s’y sera calmée. Le masque a été imposé dans la capitale à partir de 50 nouveaux cas hebdomadaires pour 100.000 habitants et selon Yves Van Laethem, ce genre de barrière pourrait continuer à servir de repère.

Mais d’autres considérations entrent en jeu. «Il faut rappeler qu’en été, avec le beau temps, il y avait plus de monde à l’extérieur et donc on avait statistiquement plus de chances d’être en contact étroit avec quelqu’un. Dans les prochaines semaines, avec la fin des congés, on devrait voir ce risque diminuer et on peut par conséquent discuter sur une suppression progressive de l’obligation du masque en rue», juge-t-il.

Il rappelle aussi deux autres paramètres liés à la rentrée et qui auront leur importance. D’une part, il y aura beaucoup moins de retours de vacances et donc moins de risque d’importer le coronavirus. Or, aujourd’hui, cela reste un problème prégnant, surtout que selon la Commission communautaire commune, à Bruxelles, 60% des personnes qui reviennent de zones rouges vers la capitale ne se font pas tester pour le Covid-19. D'autre part, il faut voir ce qui se passera avec la rentrée des classes. La majorité des études scientifiques sont d’avis que le risque d’un rebond épidémique dû à celle-ci est limité, mais pas totalement exclu. Dans l’hypothèse où l’on en saurait plus sur ces deux critères, la région bruxelloise a déjà fait savoir qu’elle se repencherait sur l’obligation du masque en son sein, c’est-à-dire au minimum à la mi-septembre.

Quand les mauvais jours arrivent

Une fois ce cap passé, qu’en sera-t-il globalement du port du masque en Belgique? En mettant de côté les statistiques épidémiques qui sont évidemment inconnues pour les mois à suivre, Yves Van Laethem imagine une reconfiguration de cette obligation, mais pas une disparition. «Le masque continuera à jouer un rôle dans notre vie. Cela fera partie de nos accessoires à porter sur soi pour de nombreux mois encore. Avec l’arrivée d’un temps moins agréable et avec moins de monde en extérieur, on pourra par exemple voir l’imposition tomber en rue mais pas dans les transports en commun, les magasins, le milieu culturel et les lieux clos, les gens restant groupés dans ces endroits, surtout en hiver. En extérieur, on pourrait juste le prévoir dans des situations précises, comme les marchés de Noël et certains marchés normaux, ainsi que pour certaines personnes à l’instar de ce qui se fait au Japon, c’est-à-dire celles âgées et malades», dit-il.

Déjà aujourd’hui, certaines décisions montrent que ces prédictions sont sur le point de se réaliser. À partir de ce mercredi midi par exemple, il est obligatoire d’avoir un masque sur soi dans la province du Hainaut, une première en Belgique après Anvers. On peut imaginer que les autres provinces suivront bientôt.

Enfin, concernant les rassemblements en extérieur, deux solutions se dessinent. Soit le masque est imposé comme l’a évoqué Yves Van Laethem, soit l’événement est carrément annulé. C’est cette deuxième option qui vient par exemple d’être choisie pour les 24 heures vélo de Louvain-la-Neuve ou encore pour le marché de Noël de Cologne.

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