Belgique : centres de tests saturés et médecins épuisés

L'affluence dans les centres de dépistage inquiète. Quelles sont les questions à se poser avant de se faire tester? Un rappel s'impose.

Une personne se fait tester - Belga/THIERRY ROGE

Un peu partout en Belgique, les centres de dépistage sont pris d'assaut. C'est le cas notamment à Liège, où certains centres arrivent à saturation. Une situation difficilement gérable. D'autres ont dû fermer, faute de matériel disponible. À Lasne aussi, dans le Brabant wallon, les médecins généralistes se disent débordés et envoient un SOS au gouvernement fédéral. « Sur le terrain, ce n’est plus tenable », dénonce Gaël Thiry, médecin généraliste, responsable du centre de dépistage, au micro de RTL. « On veut retourner à notre vrai métier. » En première ligne, les médecins généralistes portent désormais le poids de cette épidémie. Et la situation ne risque pas de s'améliorer avec l'approche de l'hiver et son lot de maladies.  

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La forte demande, l'épuisement du personnel médical et le manque de matériel soulèvent quelques interrogations quant à notre stratégie de dépistage. « Notre système de testing & tracing pourra-t-il encaisser encore longtemps une augmentation soutenue du nombre de cas jour après jour? » s'est d'ailleurs demandé récemment Emmanuel André, ancien porte-parole du centre interfédéral de lutte contre le coronavirus, sur Twitter.

Quels sont groupes prioritaires?

En France aussi, les laboratoires s'inquiètent de l'affluence. Accessibles à tous, sans ordonnance et remboursés, les tests PCR sont victimes de leur succès, au point que le Premier ministre a annoncé l'instauration de créneaux réservés à des personnes prioritaires. À savoir les personnes qui ont des symptômes, celles qui ont été en contact rapproché avec un cas positif et les personnels soignants.

En Belgique, les groupes prioritaires sont légèrement plus définis. Doit ainsi se faire tester, premièrement, toute personne qui répond à la définition d'un cas possible de Covid-19 - soit présentant un symptôme majeur, deux symptômes mineurs ou aggravation de symptômes respiratoires chroniques -, avec une attention particulière au personnel soignant et aux résidents et personnel d'une collectivité résidentielle. En second, les personnes ayant eu un contact à haut risque avec un cas de Covid-19, y compris les voyageurs revenant d'une zone rouge ou orange. Dans les deux cas, il est obligatoire de contacter son médecin traitant avant de se rendre dans un centre de dépistage.

Quand se faire tester... ou s'abstenir?

Outre les groupes prioritaires, les experts français préconisent d'attendre, dans différents cas, un certain temps avant de se faire tester. Un timing qu'il pourrait également être bon d'appliquer aux citoyens belges. En France, il faut idéalement être testé cinq à sept jours après votre dernière rencontre avec la personne contaminée, selon le Dr Jean-Charles Dugimont, vice-président du syndicat national des biologistes auprès de la Voix du Nord. Plus tôt, ce serait inutile: vous risqueriez d'être déclaré à tort négatif. En attendant? On se place en quarantaine.

En Belgique, c'est différent. Tous les contacts à haut risque doivent se faire tester immédiatement. Selon la définition établie par Sciensano, cela peut être notamment, un face-à-face à moins d'un mètre et demi, sans masque pendant au moins 15 minutes; au moins 15 minutes passées dans le même espace fermé, où une distance de 1,5m n'a pas toujours été respectée et/ou où des objets ont été partagés, comme les cohabitants ou les collègues voisins.

La marche à suivre au niveau du dépistage

Si une personne de votre entourage est un cas contact, il est logique de vous demander si, par son intermédiaire, vous avez pu être également contaminé. Néanmoins, il est inutile de se précipiter vers un centre de dépistage, sous peine d'engorger davantage les laboratoires et de ne pas être remboursé. Attendez de voir les résultats de votre proche, tout en vous isolant autant que possible et en respectant scrupuleusement les gestes barrières. Si vous voulez vous faire tester simplement par curiosité, passez votre tour. Les laboratoires et le personnel soignant n'ont pas besoin d'une charge de travail supplémentaire. Et puis, ce n'est pas très agréable.

Du changement?

Si cette stratégie actuelle reste en place, les médecins craignent de ne pas tenir encore longtemps. C'est pourquoi Philippe Devos, président de l’Association belge des syndicats médicaux, appelle dans la Libre à un changement. « Si la politique en vigueur reste de dépister les personnes qui n’ont pas de symptômes ou presque, il va falloir réorganiser les choses, à commencer par un allégement des procédures administratives. Il va aussi falloir s’interroger sur la place des tests rapides dans la stratégie du pays pour lutter contre le virus. Ces derniers pourraient en tout cas nous faciliter la tâche. »

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