Des chercheurs ont-ils trouvé de la vie sur Venus ?

Des astronomes ont fait une découverte inattendue sur notre planète voisine : de la phosphine. Sauf qu'on ne comprend pas comment ce gaz toxique est arrivé là. Son origine pourrait bien être organique…

La découverte d'une telle molécule sur Vénus était inattendue. © ESO / M. Kornmesser / L. Calçada & NASA / JPL / Caltech (CC BY 4.0)

Ce lundi, la Société Royale d’Astronomie, au Royaume-Uni, organisait une conférence de presse. Dès son annonce, les rumeurs sont allées bon train sur les réseaux sociaux : « on aurait trouvé des preuves de l’existence des extra-terrestres ».

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Une théorie pas si farfelue finalement. Une équipe de recherche, composées d’astronomes des quatre coins du monde, a fait une découverte étonnante sur Venus : des molécules de phosphine. Une trouvaille inattendue sur une telle planète. Ils ont partagé le fruit de leurs recherches dans une étude, publiée dans la revue scientifique Nature Astronomy.

Mais pour mieux comprendre la portée de cette découverte, éclaircissons quelques points.

La phosphine, qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit d’un gaz incolore, dont les molécules sont composées d’un atome de phosphore et de trois d’hydrogène (PH3). Il est extrêmement toxique, on s’en sert notamment comme pesticide lors de fumigations de bâtiments pour éliminer rongeurs et insectes nuisibles par exemple.

Bien que dangereuse, on peut fabriquer de la phosphine en laboratoire, mais on en retrouve aussi dans la nature, produite par des micro-organismes vivant dans des milieux anaérobies, c’est-à-dire sans oxygène.

Pourquoi est-ce intéressant d’en avoir trouvé sur Venus ?

D’abord, car il y en a vraiment beaucoup. Or, les éclairs, l’activité volcanique ou une chute de météorite pourraient aussi produire ce gaz, mais en quantité infime. Sur Terre, on ne connait qu’une façon d’en produire dans de telles quantités, et elle a une origine biologique.

Ensuite, parce que les scientifiques et astrologues sont certains qu’il s’agit bien de phosphine, et pas d’autres molécules. Grâce à un télescope surpuissant situé à Hawaii, un réseau d’antennes millimétriques dans le désert chilien et le travail de chercheurs spécialisés du monde entier (Cardiff, Manchester, Boston, Kyoto…), le doute n'est pas permis.

Il y a donc des êtres vivants, sur Venus, qui produisent ce gaz ?

Non. Déjà parce que la surface de Venus n’est pas vivable. Elle ressemble même à l’idée qu’on se fait de l’enfer. C’est un désert volcanique où il fait plus de 400°C avec une pression atmosphérique 600 fois supérieure à celle de la Terre.

Par contre, elle est entourée d’une ceinture de nuages d’acide sulfurique, à environ 50km d’altitude. « Ces bancs de nuages, bien qu’extrêmement acide, pourraient accueillir des organismes vivants, puisqu’il y fait environ 20°C et que la pression ressemble à peu de chose près à la nôtre », explique Jane Greaves, la scientifique qui a dirigé toute la recherche.

Jane Greaves, qui a dirigé cette recherche internationale.

Des micro-organismes vénusiens vivant dans les nuages produisent donc toute cette phosphine ?

Et bien, on ne sait pas. Mais peut-être bien. Deux scénarios sont étudiés : soit il existe un processus de production de la phosphine que l’on n’a jamais étudié chez nous sur Terre, soit elle a été créée de la manière que nous connaissons.

« Soit ce que nous savons de la physique et de la chimie de cette planète est sévèrement lacunaire », précise Janusz Petkowski, chercheur au département des sciences terrestres, atmosphériques et planétaires du Massachussetts Institute of Technology. « Ou alors il existe une chimie si incroyablement bizarre, que [le producteur de cette phosphine] est vivant. »

Mais survivre dans un milieu si acide semble inimaginable. « Sur Terre, nous connaissons des bactéries très robustes, qui peuvent vivre lorsqu’il y a environ 5% d’acide dissout dans l’eau. Ce qui est déjà incroyable », donne Jane Greaves en exemple. « Sur Venus, les nuages sont à 90% composés d’acide, ce qui est terriblement corrosif. Nous n’avons pas de solution toute faite pour étudier si une forme de vie pourrait survivre à cela. »

C’est ce qu’il va falloir désormais essayer de comprendre. « Peut-être que la seule chose à faire est d’y envoyer un vaisseau qui pourrait prélever des échantillons et voir si on trouve des formes de vie. »

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