Reprise de l’épidémie : quelles sont les mesures envisagées ?

Face à la hausse des contaminations et des hospitalisations, les experts sont divisés et le débat est vif au sein du Celaval. L’économiste de la santé Lieven Annemans plaide pour assouplir mercredi les mesures lors du prochain Conseil national de sécurité. Inacceptable, rétorquent d’autres membres de la cellule d’évaluation, comme Marc Van Ranst.

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Le Celeval est partagé. Selon le journal De Morgen, un débat animé a opposé mercredi Lieven Annemans à d’autres experts membres de la cellule d’évaluation chargée d’établir un rapport pour le prochain Conseil national de sécurité (CNS). Motif des tensions ? La hausse des contaminations au SARS-CoV-2  - et des hospitalisations - depuis quelques semaines. Pour l’économiste de la santé (UGent), la situation ne nécessiterait pas de durcir le ton face à la reprise de l’épidémie. Jeudi, dans De Tijd, Lieven Annemans insistait, en expliquant en substance qu’il n’y avait pas lieu de paniquer, puisque la mortalité baissait et que les capacités de testing et de tracing étaient plus élevées qu’au printemps.

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Et l’expert à la queue de cheval d’en remettre une couche, ce samedi dans La Libre : « La situation actuelle nous permet de prendre des mesures plus équilibrées que celles que nous connaissons depuis des semaines, juge-t-il dans une carte blanche. Il faut maintenant oser remettre en question la bulle de 5, la quarantaine de 14 jours, les masques dans les écoles, les masques en plein air… Si, à ce stade de la pandémie, l’intérêt de ces mesures ne l’emporte pas sur leurs inconvénients psychologiques, sociaux et économiques, nous devons oser abandonner ces mesures. (…) Dans l’éventualité où la situation se détériorerait réellement (et ceci n’est pas impossible), nous devrions garder en réserve ces mesures ou d’autres plus strictes encore pour plus d’efficacité. Et si tout le monde comprend alors le pourquoi des mesures, les tenants et les aboutissants, nous serions dès lors tous capables et désireux de mieux les respecter ».

Passe d’armes

Des prises de position que goûtent peu plusieurs de ses collègues du Celeval. Ceux-ci accusent l’économiste de la santé de minimiser la situation épidémiologique et la nécessité des mesures sanitaires. Sur Twitter, le virologue Marc Van Ranst a canonné : « Tous les virologues avertissent à l’unanimité que les choses vont dans la mauvaise direction car le nombre de nouveaux cas a augmenté de 75 % en une semaine et notre nombre R (taux de reproduction du virus, NDLR) est de 1,4. Un économiste de la santé nie fermement qu’il y ait actuellement plus de cas et pense que nous devrions nous détendre. Bonne chance ! » 

« Comment aurions-nous pu mieux gérer le virus dans cette phase ? A. Avec une culture de la peur, du drame, des chiffres trompeurs, des mesures disproportionnées ? B. Avec de la vigilance, de la sérénité, des chiffres corrects, des mesures équilibrées ? J’aurais préféré B », rétorquait dans la foulée Lieven Annemans. 

 Seuil critique dépassé

Au-delà de la passe d’armes, restent les chiffres, et un constat : le nombre d’infections et d’hospitalisations est bel et bien en hausse ces dernières semaines en Belgique. Selon Sciensano, plus de 1.000 nouvelles contaminations quotidiennes ont été constatées à quatre reprises la semaine dernière. Entre le 8 et le 14 septembre, le nombre moyen de contaminations par jour a atteint 978,3 cas, soit un bond de 74%.

Surtout, si le testing a pris de l’ampleur depuis 6 mois, la proportion de tests positifs a elle augmenté. Les tests positifs représentent 3,2% du total pratiqué contre 2,5% il y a huit jours, selon les chiffres avancés vendredi par Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral. Entre le 8 et le 14 septembre, la région bruxelloise a même enregistré 6,4% de tests corona positifs, ce qui la place au-dessus du seuil critique de 5% fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En cas de dépassement de cette limite, l’OMS demande que des mesures supplémentaires soient prises.

Un moment cantonnée aux franges plus jeunes de la population, l’épidémie semble menacer à nouveau les publics dits à risque. Sur Twitter, le microbiologiste de la KULeuven Emmanuel André a ainsi relayé une étude de Niel Hens (UAntwerp), marquant une évolution « inquiétante » chez les groupes plus âgés.

La « bulle de cinq » sur la table

Alors assouplissement, statu quo ou au durcissement des mesures ? C’est le politique qui devrait trancher, lors du prochain CNS, mercredi 23. Initialement, il était question de simplifier, voire d’alléger les mesures sanitaires. Face aux signes de recrudescence de l’épidémie, il ne devrait finalement pas y avoir de grands changements au programme, pense savoir Le Soir . La « bulle de cinq » sera toutefois sur la table du CNS.

Qui pourrait décider d’assouplir la règle, tout en adoptant d’autres mesures pour compenser, a avancé samedi la ministre fédérale de la Santé Maggie De Block, à Radio 1. Le principe serait de trouver un équilibre entre l’arrivée de l’automne et son cortège d’infections respiratoires d’une part, et de l’autre l’importance d’éviter que certains se retrouvent isolés socialement. « Pas de liberté totale, mais cela doit être viable », a résumé la ministre libérale.

 

 

 

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