Harcèlement en ligne : un Youtubeur condamné à de la prison ferme

« Marvel Fitness », 34 ans, vient d’écoper de deux ans de prison, dont un ferme, et ne peut plus être présent sur le net, pour avoir harcelé une dizaine de personnes sur les réseaux sociaux. La liberté d’expression était le principal argument de sa défense.

Marvel Fitness dans sa dernière vidéo, publiée la veille de l'audience.

Plus les années passent, plus le sujet du harcèlement en ligne est pris au sérieux. Ce mardi, à Paris, Habannou S., 34 ans,  l’homme derrière la chaîne Youtube « Marvel Fitness » vient d’être condamné à un an de prison de ferme. Il a été reconnu coupable de harcèlement en meute sur neuf personnes, mais aussi de violence sur avocat.

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Comme son nom l’indique, le but premier de la chaine Youtube du prévenu était de parler de sport, de musculation. Créée en 2015, elle compte aujourd’hui 150.000 abonnés et ses vidéos les plus populaires affichent entre 500.000 et 700.000 vues au compteur.

Parmi les 9 personnes qui se sont portées partie civile, une majorité d'influenceurs, et autres instagrammeurs.

L’histoire du procès est assez atypique puisque parmi ces 9 personnes se trouve l’avocate de la partie civile, Maitre Laure-Alice Bouvier, qui se trouve être aussi influenceuse sur Instagram et qui s'est retrouvé impliquée personnellement dans l'affaire. Un procès qui a été raconté sur Twitter par Ariane Griessel, journaliste sur France Inter.

Insultes, menaces...

Entre deux ou trois contenus sportifs sur Youtube, Habannou S. publie aussi régulièrement des vidéos critiques à l’encontre d’autres personnalités des réseaux sociaux, déclenchant alors des conflits avec ceux-ci, des histoires dont il médiatise les différents tumultes et qu’il nomme « drama ». Une façon pour Marvel Fitness de régler ses différends publiquement.

L’histoire de la première plaignante remonte à août 2018. Parlant aussi de fitness sur Internet, elle dit avoir commenté une vidéo du Youtubeur, ce qui lui a valu de recevoir des menaces et injures de sa part, mais aussi de sa communauté.

Les autres témoignages de la partie civile se ressemblent assez : une réaction, un tweet ou autre commentaire négatif reçoivent en réponse diffamations, menaces, attaques tantôt racistes, tantôt misogynes, tantôt homophobes… Une situation qui a provoqué des troubles physiques et psychologiques chez plusieurs des plaignants.

Lorsque l’avocate Laure-Alice Bouvier s’est emparée de l’affaire en 2019, elle dit avoir tenté de calmer les choses, mais est devenue, elle aussi, le sujet de plusieurs vidéos virulentes de Marvel Fitness. Le vidéaste l’a, entre autres, suivie et filmée à la sortie d’un tribunal pour ensuite publier sa vidéo sur Internet.

Ce qui a également été reproché au trentenaire, c’est d’avoir poussé ses fans, sa communauté, à harceler ses cibles sur les réseaux sociaux, mais aussi à envoyer des messages négatifs à leurs sponsors, afin de leur faire perdre des sources de revenus.

Liberté d'expression

Dans sa plaidoirie, en faveur d’une nullité du procès, l’avocat d’Habannou S., Maitre Marc Goudarzian, a d’abord voulu souligner des problèmes de procédure, pour ensuite, défendre son client sous le couvert de la liberté d’expression, de la satire de personnalités publiques. « Marvel Fitness », lui, ne s’est pas exprimé.

Les arguments de son conseil vont dans le sens des propos tenus par le Youtubeur durant son audition en août. Il résume ces histoires à « du clash sur les réseaux sociaux », se décrit comme un polémiste et précise que ce qui est décrit comme du harcèlement et des menaces ne seraient que « des propos mal interprétés et sortis de leur contexte ». Il a également déclaré être lui aussi victime de nombreux messages d’insultes et menaces de la part de certains fans des plaignants.

Une défense qui n’a donc pas réussi à convaincre le tribunal correctionnel de Versailles puisque Habannou S./Marvel Fitness a été condamné à à deux ans de prison dont un assorti d'un sursis probatoire de trois ans, à une obligation de suivi psychologique, très exactement.

Il lui est désormais interdit d’entre en contact avec les victimes, mais également de créer ou d’animer tout site internet ou page sur les réseaux sociaux. Son avocat a annoncé vouloir faire appel.

Beaucoup de soutien pour le prévenu

Sur le net, les réactions sont partagées. Si un camp se réjouit de cette condamnation, pour ses fans, mais également d’autres Youtubeurs, influenceurs et autres connaissances, c'est l'incompréhension. Beaucoup affirment leur soutien à Marvel Fitness.

Pour certains, ce qui a été considéré par la justice comme du harcèlement n'étaient que des blagues. D'autres sont choqués de cette sentence qu’ils estiment bien trop sévère et tentent désormais de faire entendre une autre version des faits, dans laquelle l’avocate Laure-Alice Bouvier et certains autres plaignants ne seraient pas entièrement innocents, et où le procès aurait été biaisé. Plusieurs tweets dans ce sens ont même déjà été partagés plusieurs milliers de fois.

Quand bien même ces soutiens auraient raison, d’après le juge, l’absence totale de remise en question par Marvel Fitness a beaucoup joué en sa défaveur. En effet, dès l’ouverture de l’affaire, il a continué à publier des vidéos sur le sujet, moquant la procédure judiciaire, les plaignants et n’éprouvant aucun regret. Un extrait d’une de celle-ci a même été diffusé durant le procès (voir ci-dessous). Difficile de se défendre après cela…

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