
Le fond des océans est bien plus pollué que leur surface

Etude après étude, rapport après rapport, les conclusions sont les mêmes : l’état de notre planète est désolant. Qu’il s’agisse de pollution, de réchauffement climatique, de l’état de la faune ou la flore, même si on note parfois de rassurants, mais légers, progrès, tous les indicateurs sont alarmants.
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Dernièrement, c’est une étude de l’agence gouvernementale australienne de recherche scientifique, le CSIRO, qui inquiète. D’après leurs analyses, au moins 14 millions de tonnes de plastique se trouverait au fond des océans, en tous petits morceaux, de 5 millimètres ou moins.
Les scientifiques en sont arrivés à cette conclusion en observant des sédiments récoltés entre 1,65 et 3 kilomètres sous la surface de l’eau. Et il ne s’agit pas d’échantillons prélevés près des côtes. Non, ils proviennent de 6 sites différents, à environ 300km du continent.
Après avoir analysé 51 prélèvements, ils ont découvert que chaque gramme de sédiment contenait, en moyenne, 1,26 petit morceau de plastique.
D’où viennent-ils ? On ne connait pas leur âge exact, mais il s’agit de microscopiques parties de plus gros objets. Lesquels ? Impossible à dire, mais vu leur forme, très probablement d’objets de consommation. Il ne s’agirait donc pas de déchets industriels.
C’est en extrapolant leurs résultats, et en se basant sur différentes autres recherches similaires, que les équipes du CSIRO sont arrivés à la conclusion que les sols des océans devraient être recouverts de 14 millions de tonnes de ces minuscules bouts de plastiques. Si petits qu’ils sont potentiellement ingérables, et donc dangereux, par une grande partie de la faune sous-marine, même les planctons.
« Arrêter le problème à la source »
Ce qui alarme les chercheurs derrière ce travail, c’est la grande distance entre les lieux de prélèvement et la civilisation. « Trouver ces microplastiques dans un endroit si éloigné, et si profondément, montre l’omniprésence du plastique, peu importe où on se trouve dans le monde », a commenté le docteur Denise Hardesty, du CSIRO, qui co-écrit cette recherche, au Guardian. « Nous devons faire en sorte que le Grand Bleu ne soit pas une immense décharge. C’est une preuve de plus que nous devons arrêter cela à la source. »
Ces conclusions sont encore plus alarmantes lorsqu’elles sont mises en perspective du fameux « continent de déchets flottants », dont on parle souvent. Selon les chiffres de 2018, il ne ferait « que » 1,6 million de km² et « que » 80.000 tonnes. Si l’idée même de cette immense surface de plastique a de quoi révolter, elle est ridicule en taille par rapport à ce qu’on retrouve au fond de l’eau.
Pour le Dr. Hardesty, la quantité de plastique des fonds marins devrait être entre 34 et 57 fois plus importante que celle de la surface, mais ce n’est qu’une petite partie de tout le plastique qui se retrouve dans les mers et océans chaque année. Mais où se trouvent les déchets qui ne sont ni au fond, ni à la surface ? Sur les côtes. « Il y en a bien plus coincés sur terre qu’en mer », précise-t-elle.
Selon une étude, en 2016, entre 19 et 23 millions de tonnes de déchets plastiques ont fini dans les océans. Toujours selon cette analyse, ce chiffre devrait continuer d’augmenter malgré les différents engagements gouvernementaux et internationaux.