

C'est la troisième version proposée par les experts du Celeval. Les deux premières avaient été recalées par le gouvernement de Sophie Wilmès. « Pas assez clair », était la critique principale. Pourtant, gageons que, même dans sa version la moins élaborée, le baromètre des experts pour organiser la vie pendant l'épidémie devait être plus clair que toutes les mesures qui s'ajoutent et s'annulent prises par les différents niveaux de pouvoir du pays depuis le début de la crise sanitaire...
Concrètement, de quoi s'agit-il ? La touche finale qui sera présentée ce vendredi après-midi peut encore être modifiée, mais il est question d'un code couleurs (ou code chiffres) mesurant la gravité de la situation sanitaire et attribué par province. Selon le pallier atteint, des mesures précises doivent être prises. Il est question de couleurs de jaune à rouge (ou de chiffres de un à quatre) comme ce qui est utilisé dans l'enseignement supérieur.
Exemple imaginaire : le taux d'épidémie ayant dépassé X infections par habitants dans la province de Namur, celle-ci passe en code rouge, ce qui implique telles et telles mesures, par exemple, fermeture des bars et restaurants, port du masque obligatoire sur les marchés, etc. Le citoyen saura à quoi s'y tenir, même si les décisions finales seront prises par le politique – sur base du baromètre des experts.
Le problème principal de ces derniers mois est que le coronavirus a mis en évidence la lasagne institutionnelle qu'est devenue la Belgique. Chaque ministre de la Santé, fédéral ou régional, chaque bourgmestre y allant de ses mesures sanitaires... Or, il n'était pas rare que les décisions régionales ou communales soient en contradiction avec celles du fédéral. Dans ces conditions, impossible pour le citoyen de s'y retrouver. Et de prendre ces mesures au sérieux... Le baromètre doit remédier à cela en offrant plus de transparence.
Le nouveau ministre de la Santé Frank Vandenbroucke a expliqué la chose ainsi : l’élaboration d’un baromètre "doit permettre d’y voir plus clair" tant pour le politique que le citoyen. Mais, a-t-il ajouté, « des mesures ponctuelles immédiates seront prises, en concordance avec la philosophie du baromètre ». En gros, le baromètre indique la voie à suivre pour tous, mais in fine, le ministre (fédéral... ou régional ?) de la Santé décide.
Attendu depuis près d'un mois, cet outil doit encore être discuté et approuvé lors de la réunion des ministres de ce vendredi. « L'instrument doit être au point, a dit Frank Vandenbroucke. Il faut être sûr que ce baromètre peut être accroché au mur et y rester ». Pour les experts du Celeval qui conseillent le gouvernement, « c’est maintenant au politique de poursuivre avec ces recommandations. On a fait référence le plus possible aux protocoles existants ».
Va-t-on enfin y voir plus clair dans cette épidémie grâce au baromètre des experts ? A l'heure de la deuxième vague, ce serait effectivement le bon moment.