
Avec l’hiver, le budget des télétravailleurs va en prendre un coup

C’est une pratique qui commence à être bien connue des Belges et depuis le dernier comité de concertation, le télétravail redevient la norme. Retour obligatoire à la case maison pour près d’un travailleur sur deux. Mais contrairement à la première vague, un défi supplémentaire se pose aux personnes concernées : le froid. Cela peut paraître anodin mais mine de rien, cela pèse sur la facture énergétique du ménage. C’est la conclusion que vient de tirer Wikipower, une société active dans le domaine de l’énergie, pour Sudpresse. La bonne nouvelle, c’est que certains télétravailleurs pourront bénéficier d’aides pour compenser… mais pas tous.
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Un coût variable et parfois important
Dans les calculs de Wikipower, on retrouve trois surcoûts liés au télétravail. Le premier, somme toute logique, est celui de l’alimentation du poste de travail, autrement dit de l’ordinateur, avec une estimation de huit heures par jour et 20 jours par mois (d’où 40 kWh/mois). Le deuxième est l’éclairage, qui va évidemment être d’autant plus utilisé que le soleil va s’absenter de plus en plus avec l’arrivée de l’hiver. Wikipower a ici jugé que cela entraînerait l’utilisation de trois ampoules (donc 3,2 kWh/mois).
Là où la différence va vraiment se faire sentir, c’est avec le chauffage. De manière générale, cela inciterait les télétravailleurs à augmenter la température de trois degrés dans 10% de leur maison. Si on additionne tous les surcoûts, Wikipower arrive à un total de 12€ par mois pour un chauffage au gaz naturel et de 18€ pour un chauffage électrique.
Et ça, c’est encore un scénario optimiste, parce que cela dépend de la surface chauffée. Lors de la première vague de coronavirus, le comparateur français d’énergie Selectra avait fait sa propre estimation de la hausse des factures d'électricité ou de gaz due au télétravail. Et là, la note pouvait être bien plus salée en fonction de la taille du logement. Pour 30 m², cela allait de 18€ par mois pour un chauffage au gaz naturel à 33€ pour un électrique. Avec 70 m², cela montait respectivement à 26€ et 60€. Enfin, celui qui chauffe 120 m² va devoir supporter un surcoût de 36€ à 97€ par rapport à une situation sans télétravail. Une somme non négligeable.
Le jackpot avec le télétravail structurel
En période de crise, ces coûts supplémentaires ne sont pas vraiment le bienvenu, ce qui soulève la question de l’existence d’aides éventuelles pour y faire face. Et en effet, elles existent ! En cas de télétravail structurel régulier, l’employeur a même l’obligation de palier aux frais du télétravailleur. Concrètement, cela donne droit à l’allocation de bureau, qui peut aller jusqu’à maximum 129,48€ par mois, pour couvrir les coûts en chauffage, de matériel de bureau et d’électricité. Et cela vaut aussi bien pour les télétravailleurs à temps partiel ou à temps plein, «et quelle que soit la fonction», précise à l’Écho Isabelle Caluwaerts, Legal expert chez Partena Professional. «L'indemnité est exonérée d’impôt et de précompte professionnel. Mais surtout, elle peut être octroyée pour un travail à domicile régulier et structurel à partir de 5 jours ouvrables par mois»
Et ce n’est pas tout! Car il y a aussi une somme versée pour la connexion internet (20€ par mois), pour l’utilisation d’un PC privé (aussi 20€ par mois) et des frais de bureau pour les télétravailleurs (10 % de la rémunération brute mais limitée à la partie du salaire relatif aux prestations en télétravail).
Télétravail occasionnel = possiblement rien!
Tout cela paraît bien beau, voire trop. On pourrait en effet se dire que le télétravail étant désormais obligatoire avec la crise, cela revient à faire du télétravail structurel. Sauf que non! Dans le cadre de l’épidémie de coronavirus, le télétravail contraint est considéré comme étant occasionnel, ce qui change tout. Si ceux qui avaient déjà adopté le télétravail avant le confinement ont de bonnes chances de tomber dans la catégorie structurelle, mais ce n’est pas le cas des autres.
Concrètement, dans le cadre du télétravail occasionnel, les employeurs ne sont obligés en rien. S’ils ne veulent pas donner d’aide, c’est leur droit, et tant pis pour l’employé qui devra supporter tout seul les surcoûts liés à son activité. Cela ne veut pas dire que le télétravailleur doit faire une croix sur ses chances d’être indemnisé pour ses frais. La différence avec le structurel, c’est qu’il va falloir négocier pour bénéficier des aides.
C’est en raison de cette difficulté que les syndicats ont fait savoir leur ambition d’étendre la portée du télétravail structurel à des situations qui sont aujourd’hui considérées comme du télétravail occasionnel. «Ainsi, les télétravailleurs occasionnels auront accès à toute une série de choses auxquelles ils n’ont pas droit actuellement. Et il ne sera plus possible d’introduire du télétravail dans une entreprise sans passer par la concertation sociale», déclare au Soir Manon Van Thorre, collaboratrice au service entreprise de la CSC. À la FGTB, on ambitionne aussi de mettre cette question sur la table. Par contre, du côté du patronat, on est beaucoup plus réservé, ce qui laisse présager une opposition avec les syndicats. «À notre sens, il n’y a pas lieu de changer les choses», édicte Matthieu Dewèvre, conseiller au service d’études de l’UCM.