« C'était supposé être la plus belle année de ma vie et je suis en train de la rater »

Souvent pointés du doigt pour ne pas respecter suffisamment les mesures, les jeunes sont aussi les victimes du Covid. Témoignage.

Belga

Lucille 18 ans, s'est habituée aux cours à distance. Inscrite en première année de Droit à Saint-Louis à Bruxelles, elle a eu quelques semaines de cours en présentiel, avant de devoir se contenter de l'écran de son ordinateur : « On est passé en distanciel depuis lundi. En vrai, ça va, ce n'est pas plus compliqué de suivre les cours de cette manière, mais vu que les cours sont disponibles après coup, j'ai tendance à regarder après, faire pause quand je ne comprends pas... Du coup, j'ai tendance à accumuler le travail. Le pire, en fait, c'est de ne pas avoir contact avec d'autres étudiants. Je n'ai fait aucune connaissance depuis que je suis arrivée à l'unif ».

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« Sujet sensible »

 

Pour elle, la première année à l'université ressemble à sa dernière année de rhéto. Un « sujet sensible », avoue-t-elle. « Le 12 mars, on apprend sans trop comprendre qu'il va y avoir un confinement. Je pensais que ça allait vite passer. Le soir même, on a été au bar avec des copines, on n'imaginait pas que ce serait quasiment la dernière fois de l'année qu'on allait se voir ». Les cours ont bien repris en juin, mais « on était dans une classe qui n'était pas du tout la nôtre et on devait rester en bulle et ne pas se rassembler avec les autres bulles. Ca veut dire que pour beaucoup, on n'était pas avec ses potes ». Quant aux cours : « Ca ne servait à rien, on n'avait pas d'examens. C'était vraiment de la garderie plutôt que de l'éducation ».

 

Surtout, l'année est perdue. Ni voyage de fin d'études, ni remise des diplômes, mais un confinement sévère où Lucille a juste eu le droit de discuter une demi-heure avec une copine sur le pas de la porte de temps à autre : « On avait prévu de partir en voyage à Pâques. On avait récolté de l'argent au fil de l'année pour ça, on a fini par le donner à des associations. On a pensé faire un bal de promo plus tard dans l'année. C'était prévu en septembre, on a encore dû le reporter. A mon avis, on ne le fera jamais ».

 

« Il n'y a plus de vie »

 

Elle continue : « C'était supposé être la meilleure année de ma vie et j'ai juste le sentiment de la rater. C'est ce qu'on nous avait promis depuis toujours : « Tu verras, la rhéto et les études, c'est le moment où tu auras le plus de souvenirs ! » J'ai le sentiment d'avoir vu tout ça s'en aller et de gâcher ma vie. Depuis des années, dans ma tête, les études, c'était faire mon baptême, rencontrer plein de monde, faire des expériences. Au final, on ne fait rien, tout est fermé et je trouve ça hyper frustrant. Je n'ai même plus envie de retourner à Bruxelles parce que ça me déprime d'être là et de ne rien faire de ma vie. Ne rien faire de ma vie en Gaume, je trouve ça normal, mais être à Bruxelles et ne voir personne... Tout est fermé, il n'y a juste pas de vie. C'est super frustrant ».

 

Bien sûr, elle comprend le contexte, elle trouve ça normal, quelque part. Il y a un virus mortel, c'est normal de se serrer les coudes. Quant au fait d'être pointée du doigt comme étant le « super-propagateur » simplement parce qu'elle est adolescente : « Sincèrement, ça m'irrite vraiment d'être pointée du doigt quand je me promène dans Bruxelles que je vois les darons ne pas mettre leur masque. Parce que effectivement, c'est probablement les jeunes qui sortent le plus et respectent le moins les mesures, mais au final, je trouve que c'est de l'hypocrisie. "Fais ce que je dis, pas ce que je fais". Il y a plein de jeunes qui respectent à fond les règles tandis que je vois plein d'adultes qui ne les respectent pas ».

 

 

 

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