

« Il va y avoir de la pagaille dans notre pays » jugeait samedi Donald Trump, à quelques poignées d’heures de la Présidentielle. Prophétie auto-réalisatrice ? Volonté de mobiliser au maximum un électorat conservateur, en brandissant l’épouvantail de l’insécurité et du chaos ? Celui qui se verrait bien « quatre ans de plus dans [notre] magnifique Maison Blanche » n’a en tout cas pas voulu faire redescendre la pression, alors les sondages prédisent la victoire de son adversaire démocrate, Joe Biden.
Redoutant d’être le premier président depuis plus d’un quart de siècle à ne pas être réélu pour un second mandat, Donald Trump a régulièrement émis des signaux inquiétants quant à la reconnaissance ou non de son éventuelle défaite après le 3 novembre. « La seule manière dont nous pourrons perdre cette élection, c'est si elle est truquée » avait-il ainsi lancé cet été. Interrogé à la veille de la Présidentielle sur la possibilité qu’il se déclare vainqueur dès mardi soir en cas de résultats indécis, l’ancien homme d’affaire a démenti, parlant de « fausse information », comme à son habitude. Mais tout en ajoutant : « Dès que l'élection sera terminée, nos avocats seront prêts ».
Signe de la tension qui règne dans le pays, les commerces de plusieurs villes américaines, dont New York ou San Fransisco, se sont barricadés par crainte de troubles post-élections. Comme à l’approche d’un ouragan, les devantures de nombreux commerces de Washington D.C se sont également parées de planches de contreplaqué.
Washington se barricade en vue de la soirée électorale de la semaine prochaine. pic.twitter.com/ivHCTdZiqF
— Raphaël Bouvier-Auclair (@RaphaelBouvierA) October 28, 2020
Un climat qui ne rassure pas, notamment dans les milieux d’affaires. « Je suis inquiet du risque de troubles civils dans tout le pays, alors que notre nation est si divisée et que les résultats électoraux prendront potentiellement des jours ou des semaines à être finalisés », a notamment déclaré le patron de Facebook, Mark Zuckerberg.
Le déroulé de l’élection, chamboulé par la pandémie de Covid-19, fait ainsi grimper les craintes de débordements. Plusieurs sondages ont montré que les électeurs républicains compteraient voter majoritairement en se rendant dans l’isoloir, tandis que les démocrates privilégieraient le vote anticipé ou par correspondance. La prise en compte plus tardive, dans certains États, des bulletins expédiés par la Poste pourrait ainsi donner Trump en tête dans un premier temps, avant d’être rattrapé puis dépassé par son adversaire démocrate, au fur et à mesure du dépouillement, selon le phénomène dit de « bascule bleue » (couleur des démocrates), théorisé par le professeur de sciences politiques Edward Foley (université de l’Ohio).