
Les énergies vertes le sont-elles vraiment ?

Le vert est le nouvel eldorado. Les grandes entreprises comme Nestlé annoncent en grande pompe qu'elles visent désormais la neutralité carbone en investissant dans le renouvelable, Engie décide de sortir du nucléaire et les constructeurs automobiles misent tout sur la voiture électrique. Au XXIe siècle, chacun y va de son verset pour sauver la planète. Mais un documentaire vient jeter un pavé dans la mare.
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Disponible sur Arte, « La face cachée des énergies vertes », co-réalisé par Guillaume Pitron (auteur du livre « La Guerre des métaux rares ») avec Jean-Louis Pérez, démontre que le vert est, aujourd'hui, dépendant des métaux rares qu'il faut aller chercher dans des mines à l'autre bout du monde. Sans eux, pas d'éoliennes, de panneaux solaires ou de voitures électriques. Selon Philippe Bihouix, ingénieur et membre de l’Institut Momentum interrogé dans le documentaire : « Il n’existe pas de produit zéro impact, zéro C02. Ce n’est pas possible ».
Délocalisation de la pollution
Cobalt, graphite, lithium, néodyme, cuivre, étain... Ce sont quelques uns (il y en a des dizaines) de métaux rares que l'on retrouve dans les batteries des voitures électriques, les moteurs (rotors) des éoliennes ou les cellules photovoltaïques des panneaux solaires. Or, ces métaux, il faut aller les chercher dans des mines à l'autre bout de la planète : au Chili, en Bolivie, en Indonésie et, surtout, paradis des métaux rares, en Chine.
Ce sont dans ces régions souvent désertiques que se trouvent les « gueules noires du XXIe siècle », comme le dit le documentaire. Des régions où les taux de cancer sont anormalement élevé tandis qu'en Europe, on se gausse de réduire les émissions carbone. « On fait semblant d’être propre et en réalité on est sale. On a simplement délocalisé la pollution », insiste Philippe Bihouix.
Technologies en transition
Le documentaire insiste sur le fait que cette transition écologique est avant tout une transition économique. Et que les pays où se trouvent ces métaux rares font peu de cas des risques écologiques et sanitaires, cherchant plutôt à tirer un maximum de profit de ce nouvel or vert que représentent leurs ressources minières.
Par ailleurs, une chose n'est pas mise en évidence : à savoir que les technologies pour la transition écologique sont elles mêmes en transition. Elles évoluent constamment, dans le but de diminuer cette dépendance aux métaux et cette emprunte carbone délocalisée. C'est dans cela aussi que les Etats et les grandes entreprises investissent : la recherche et la technologie pour produire des énergies vertes réellement vertes.