Julian Assange ne sera pas extradé vers les Etats-Unis

Pour la justice britannique, les chefs d'accusation à son encontre sont légitimes, mais les conditions de détention américaines représenteraient un trop grand risque compte tenu de sa santé mentale et de ses tendances suicidaires.

Liesse devant le tribunal à l'annonce du jugement. (Crédit: Pressassociation)

Il est en cavale depuis des années, tout le monde connait son identité, son visage, sa fameuse chevelure d’argent… On sait même exactement où il se trouve. Mais Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, connait désormais le jugement rendu ce lundi par la justice britannique. Il ne sera pas extradé vers les Etats-Unis.

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Il n’était pas au tribunal pour les nombreux documents confidentiels qu’il a rendu public, mais bien pour savoir s’il serait renvoyé au Pays de l’Oncle Sam, qui souhaite le voir juger pour les nombreuses fuites de ces dix dernières années. Alors qu’Obama avait décidé de laisser le journaliste et activiste australien tranquille, sous la présidence de son successeur Donald Trump, le directeur de la CIA et le procureur général ont choisi de le poursuivre.

En attendant de statuer sur son extradition vers l’Amérique, où il risque jusqu’à 175 ans d’emprisonnement, le Royaume-Uni détenait Assange dans la prison de Belmarsh, où il va donc rester pour le moment. Il a déjà annoncé qu’il demanderait une libération sous caution.

Crédit: PRESSASSOCIATION

Des chefs d'accusation recevables

Le procès pour cette extradition vers les Etats-Unis s’est étalé sur cinq semaines en février, puis en septembre, à cause de la crise sanitaire. Ce jugement, finalement en faveur d’Assange était attendu depuis longtemps.

La juge Vanessa Baraitser avait beaucoup de facteurs et d’information à prendre en compte. Elle a notamment précisé que les activités pour lesquelles il était poursuivi dépassaient le cadre du journalisme et que les charges à son encontre sont recevables. Mais c’est en se basant surtout sur la santé mentale de Julian Assange qu’elle a rendu son jugement.

L’Australien souffre d’autisme, de dépression et montre des tendances suicidaires depuis quelques temps. Le risque que les conditions de détention américaines après cette extradition aggravent les choses était trop grand selon la juge.

Une longue cavale

Après la publication de plus de 700.000 documents américains en 2010, et la révélation de différents scandales en 2010, c’est finalement la justice suédoise qui court après l’Australien pour des raisons très différentes, des accusions d’agressions sexuelles et de viol. Elle émet un mandat d’arrêt international fin 2010 pour l’interroger.

Déjà au Royaume-Uni à l’époque, Assange est arrêté par la police afin de l’envoyer en Suède mais est libéré dans la semaine, grâce aux dons de nombreux soutiens permettant de payer sa caution. Il en profite pour faire appel de cette extradition vers la Suède, rejetée en mai 2012. Il doit être extradé.

Pour éviter ce voyage forcé et d’autres procès au Royaume-Uni, notamment pour non-respect des conditions de liberté surveillée, il obtient l’asile politique de l’Equateur, qui l’accueille dans son ambassade de Londres, qui deviendra son domicile pendant 7 ans.

Joli coup de sa part, puisque le temps passant, la Suède abandonnera ses poursuites, mais pas la justice britannique.

En 2017, des élections ont lieu en Equateur et le nouveau président, Lenin Moreno, n’apprécie guère Assange. Ce dernier obtient tout de même la nationalité équatorienne, mais le gouvernement de sa nouvelle nation l’empêche de communiquer avec l’extérieur. Deux après, en 2019, alors que Wikileaks dévoile une affaire de corruption impliquant le président Moreno, ce dernier déchoit Assange de sa nationalité équatorienne, permettant à la police britannique de l’arrêter.

C’est depuis qu’il est dans la prison à haute-sécurité de Belmarsh. Il avait été condamné à 50 semaines d’emprisonnement pour non-respect de ses conditions de libération en mai 2019. Et c’est à peu près au même moment que les Etats-Unis ont décidé de poursuivre l’Australien, pour 18 chefs d’accusation, liés de près ou de loin à l’espionnage.

La justice américaine devra donc encore attendre pour voir Assange à la barre d’un de ses tribunaux. Elle a déjà annoncé qu’elle ferait appel. 
 

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